Sous la Seine

Affiche Sous la Seine
Réalisé par Xavier Gens
Pays de production France
Année 2024
Durée
Musique Alex Cortés, Anthony D’Amario, Édouard Rigaudière
Genre Horreur, Action
Distributeur Netflix
Acteurs Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Léa Léviant, Iñaki Lartigue
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 925

Critique

Netflix propose son film de requin à plutôt grand budget réalisé par Xavier Gens, une des figures représentantes de la New French Extremism. Un blockbuster horrifique à plus de 20 millions d’euros, entièrement produit en France. La proposition impressionne, quand on connaît la réticence de la production française pour l’horreur. Un bien pour un mal.

Des scientifiques avides de connaissances nagent difficilement dans un océan jonché de déchets. L’équipe cherche le puissant requin femelle Lilith. Particularité de cet animal: elle engendre par parthénogenèse sa propre progéniture vorace. Lilith incarne le symbole de la rébellion des environnements naturels face à un capitalisme patriarcal destructeur. Ces caractéristiques motivationnels justifient ainsi le voyage du requin jusqu’au centre de Paris, coïncidant avec l’ouverture d’une épreuve de triathlon en pleine Seine.

Dans un entretien avec le magazine L’Écran Fantastique, Xavier Gens souligne: «Contrairement aux films stéréotypés de la 'sharksploitation', je voulais prendre le genre au sérieux et ne pas diaboliser le requin». Les Dents de la mer (Spielberg, 1975) est la figure de proue de nombreux films de série B qui ont représenté des requins menaçants. Entre les Sharknado 5: Global Swarming (2016) et autres Dinoshark (2010), le genre ne cesse de proposer des créatures aquatiques violentes et farfelues à petit budget (ou monstrueusement plus, à l’instar des 129 millions de dollars dépensés pour En eaux très troubles en 2023). Sous la Seine, serait-il donc un film à contre-courant de ces propositions mécaniques et non écologiques? J’aimerais véritablement pouvoir y croire, si le film ne brouillait pas sa position sur les questions écologiques et sociales.

Outre des acteur·rice·s qui semblent ne pas comprendre leur personnage, des séquences surprenantes sont construites: des militant·e·s écologistes présenté·e·s comme écervelé·e·s se font dévorer par les enfants de Lilith (une violence graphique proche de l’acharnement); des policiers parisiens, qui proviennent d’une époque hors du temps, sont représentés avec bienveillance et douceur; des dialogues des plus absurdes entre Sophia (Bérénice Bejo) et le brigadier principal stoppent de manière spectaculaire l’écoulement du récit. 

Néanmoins, Sous la Seine reste une proposition osée du cinéma français. D’énormes moyens techniques relativement maîtrisés proposent une deuxième partie spectaculaire et jouissive (clin d’œil à la maire «Anne Pécresse» qui lance l’épreuve de natation). Il est malheureusement traversé par de nombreuses lacunes, en premier lieu la construction en longueur d’un récit inintéressant. Le film est également plombé par des contradictions constantes dans ses choix narratifs et sa volonté de démontrer un message écologique. Ce discours est brouillé par des représentations conservatrices de certains corps sociaux et, surtout, par un requin représenté comme menaçant qu’il faut à tout prix détruire. Ou peut-être que Lilith est une figure biblique appelée à répandre l’Apocalypse? A recommander si vous aimez les désastres aquatiques en eaux polluées.

Et petit rappel: il y a environ une dizaine de mort·e·s par morsure de requins par année, contre 80 millions de requins tués annuellement par l’humain.


Julien Norberg

Appréciations

Nom Notes
Julien Norberg 5