Réalisé par | Wei Shujun |
Pays de production | Chine |
Année | 2023 |
Durée | |
Genre | Policier, Drame |
Distributeur | Sister |
Acteurs | Zhu Yilong, Chloe Maayan, Hou Tranlai, Tong Lin Kai |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 925 |
Présentée dans la sélection Un certain regard à Cannes l’année dernière, cette œuvre chinoise se joue des codes des investigations policières pour adopter une perspective plus introspective et livrer une critique sociale. Un ovni émotionnel dont l’ambiance pourrait rappeler Twin Peaks.
Dans la Chine des années 1990, Ma Zhe (Zhu Yilong), inspecteur de police judiciaire, enquête sur une série de meurtres commis aux abords d’une rivière. Si plusieurs suspects se présentent, tous les signaux semblent pointer vers un coupable «facile», un homme souffrant d’un handicap mental et surnommé «le fou». Mais plus l’investigation avance, plus les cartes se brouillent, et le détective en vient à remettre en question ses principes, et même sa raison, les événements de l’enquête trouvant des échos dans sa propre vie privée.
Réalisation à l’atmosphère très particulière et à la tonalité oscillant entre l’absurde, l’humour noir et la paranoïa, Only The River Flows est à la fois un hommage au film noir et une lettre d’amour nostalgique à la technologie analogique. Que les personnes qui aiment les résolutions claires et nettes soient cependant averties: l’intrigue policière de ce film ne révèle pas tant l’identité du meurtrier que les secrets dissimulés par les habitantes et habitants de la petite ville côtière chinoise dépeinte ici. À l’instar de la qualité de l’image, à laquelle l’utilisation d’une pellicule 16 mm donne un grain rugueux, le récit se montre lui aussi quelque peu opaque et mystérieux.
Car le véritable intérêt du film ne réside pas dans la traque du tueur en série, mais dans la critique de la société chinoise de l’époque (actuelle?) et de la (ré)pression exercée sur ses membres pour qu’ils entrent dans la «norme», ce qui peut les pousser à la folie ou à la mort. En effet, dans ses recherches, Ma Zhe sera confronté à des personnages forcés de cacher leurs actions ou leur personnalité par peur des représailles sociales. Cela tend un miroir quelque peu accusateur à l’enquêteur, lui-même «victime» de ces préjugés sur ce qui constitue la «normalité» ou non. À l’image de la brume entourant la rivière éponyme, le récit est ainsi infusé d’une tristesse venant encore étoffer ce mille-feuilles émotionnel, qui, s’il s’achève sur une certaine confusion, laisse tout de même l’espoir d’une société future plus ouverte et acceptante.
Amandine Gachnang
Nom | Notes |
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Amandine Gachnang | 16 |
Marvin Ancian | 16 |