Love Lies Bleeding

Avec son deuxième film, la réalisatrice britannique Rose Glass confirme son talent en nous offrant une histoire d’amour aussi toxique que réparatrice sur fond d’hémoglobine, de concours de bodybuilding et de destruction du patriarcat. Un bijou du genre!

Gérante d’une salle de sport dans une petite ville américaine reculée, Lou est déchirée entre sa haine pour son père, tête criminelle de la région, et son amour pour sa sœur, battue par son infâme mari. Mais la vie de Lou bascule lorsqu’elle rencontre Jackie, mystérieuse bodybuildeuse en route pour Las Vegas. Alors que les deux femmes entament une relation enflammée, elles sont vite rattrapées par l’environnement familial de Lou et entraînées dans un tourbillon incontrôlable.

Après Saint Maud, Rose Glass nous propose une nouvelle histoire d’obsession portée par un duo féminin fort. Cette fois, il ne s’agit plus de religion, mais de pouvoir: le pouvoir physique de la musculature, le pouvoir meurtrier des armes, et le pouvoir que l’on a sur les autres par les liens que l’on crée. Comme son titre l’indique, Love Lies Bleeding est une histoire d’amour baignée de violence. Les deux notions sont intrinsèquement liées, permettant à la réalisatrice de nous offrir des images délicieusement gore illustrant la force à la fois destructrice et libératrice de ce sentiment. Ce dernier est également rapproché de la notion d’addiction sur plusieurs points, et donc d’un bonheur malsain, pour s’évader du quotidien, mais aussi viscéral et enivrant. Comme le film lui-même, somme toute.

Autre sujet défendu par le film: la remise en question du patriarcat. Ce n’est en effet pas un hasard si son antagoniste principal est le père de Lou (qui partage d’ailleurs son prénom), et si Jackie a une passion et une carrure que l’on attribue généralement à la gent masculine. Ce n’est pas non plus pour rien si Lou Senior tient un stand de tir et si la bodybuildeuse incarne une version plus organique de la puissance qui n’a pas besoin de gadget métallique pour être efficace… Avec ses personnages féminins imparfaits et dotés d’une certaine noirceur, mais également courageux, éblouissants et attachants, la réalisation sait comment nous séduire. Elle convainc en outre, par sa dimension nuancée que l’on observe notamment dans les petites touches d’humour jamais exagérées apportées à la perfection par le personnage de Kristen Stewart, et dans le fait que le cadre temporel des 80s sert le film et ne constitue pas un gimmick. Si, dans cette histoire, l’amour gît en sang, nous, au contraire, nous levons pour l’applaudir!