Réalisé par | Nadège de Benoit-Luthy |
Pays de production | Suisse, Belgique |
Année | 2024 |
Durée | |
Musique | Mallika Hermand, Félix Fivaz |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | Outside the Box |
Acteurs | Déborah François, Baptiste Gilliéron, Thibaut Evrard, Jo Deseure |
Age légal | 8 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 923 |
Comment représenter la quotidienneté du sexisme? Pour la réalisatrice Nadège de Benoit-Luthy, ce sera en baignant son héroïne dans la notion de double journée de travail. Tout en ancrant son récit dans le Lausanne d’aujourd’hui, Pauline grandeur nature est un film qui ne propose pas nécessairement un pitch novateur. Pourra-t-il alors surprendre par ses choix esthético-narratifs?
Ces dernières années, de nombreuses œuvres ont étudié le caractère journalier des discriminations liées au genre. Cette thématique traverse différents styles cinématographiques: l’horreur du coming of age (Tiger Stripes, 2023), le film de procès intersectionnel (Saint Omer, 2022), la série dramatique décrivant la pauvreté des familles monoparentales féminines (Maid, 2021), le faux slasher féministe (Promising Young Woman, 2020) ou encore la comédie hommage au néoréalisme italien (Il reste encore demain, 2024). Pauline grandeur nature se rapproche plutôt de À plein temps d’Éric Gravel (2021) qui filme l’excellente Laure Calamy parcourant à un rythme effréné les rues de Paris en jonglant entre son rôle de mère et son travail dans un hôtel. Mais alors que le long métrage de Gravel use d’une réalisation ultra-nerveuse s’inspirant des codes du thriller, Pauline grandeur nature prend le temps de poser sa caméra.
Nous suivons Pauline, paysagiste qui élève seule ses deux enfants et qui tente de faire correspondre les aspects familiaux et professionnels de sa vie. Pauline fait face à de nombreux obstacles patriarcaux: sous-estimation de ses compétences au travail, difficulté de trouver des solutions de garde pour ses enfants, légitimation de sa place dans un monde masculin. Pour y répondre, elle doit négocier, trouver des alternatives, demander du soutien aux femmes de son entourage.
Hélas, bien que le film propose une superbe photographie (vous n’aurez jamais vu un pin libanais aussi bien filmé de votre vie), il s’enlise dans un déroulement qui fait l’effet d’un soufflé retombé. Le jeu de Déborah François saisit les difficultés quotidiennes rencontrées par Pauline. Toutefois, les envelopper dans une mise en scène aux couleurs pastel chatoyantes, accompagnée par des plans fixes permettant d’apprécier les différents cadres réfléchis, laisse transparaître une impression paradoxante de calme. En effet, l’oxymore qui oppose la forme au fond peut décontenancer et désinvestir le public. En outre, de par la durée très courte du film, les éléments narratifs s’enchaînent à toute vitesse, brouillant la lecture des problèmes de Pauline qui ont tendance à se résoudre rapidement. Les enjeux qu’elle rencontre ne paraissent être un obstacle que le temps d’un instant avant d’être réglé. Dès lors, on ne se retrouve que peu investi·e dans cette histoire dont l’héroïne parvient souvent à se sortir.
Pauline grandeur nature suit donc une paysagiste au quotidien traversé par des barrières qu’elle va la plupart du temps franchir après négociations, détournements et aide d’autrui. Le propos est malheureusement desservi par une image très propre et une caméra très sage. Peut-être pour démontrer que malgré une apparence d’équité, le sexisme paraît invisible aux yeux des personnes non concernées?
Julien Norberg
Nom | Notes |
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Julien Norberg | 13 |