Réalisé par | Teddy Lussi-Modeste |
Pays de production | France |
Année | 2023 |
Durée | |
Musique | Jean-Benoît Dunckel |
Genre | Drame |
Distributeur | Pathé Films |
Acteurs | François Civil, Shaïn Boumedine, Toscane Duquesne, Bakary Kebe |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 922 |
S’il a créé des remous, notamment à cause d’une bande-annonce grossière qui a mis le feu aux poudres, Pas de vagues n’est en fait qu’un coup d’épée dans l’eau. Un film revanchard qui coule à pic, où seul son acteur principal surnage.
Dans une classe d’un collège de banlieue parisienne, Julien (François Civil), professeur de français, explique à ses élèves ce qu’est la séduction à travers l’œuvre de Pierre Ronsard. Dans le but d’expliciter son propos, il prend à partie Leslie, une jeune étudiante réservée, en complimentant sa nouvelle coiffure. Face à cette remarque maladroite dans laquelle le professeur s’enfonce, l’ensemble de la salle s’emballe. Peu de temps après, une lettre signée de la main de Leslie arrive sur le bureau de la direction accusant l’enseignant de harcèlement. Pourtant, Julien est innocent.
Dans une époque où la parole se libère et commence à être considérée, un film abordant le mensonge d’une élève inculpant son professeur semble malvenu. Fort heureusement, Pas de vagues traite moins de la fausseté des propos que d’un système incapable de réagir de manière cohérente face aux conséquences de ceux-ci. En ne laissant aucun doute sur l’honnêteté de Julien, le métrage déplace rapidement son sujet sur le fonctionnement d’une hiérarchie qui «ne veut pas faire de vagues» (expression provenant d’un hashtag dénonçant l’inaction de l’Éducation nationale française vis-à-vis des violences contre les enseignants, et en particulier à la suite à de l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020).
Sauf que, l’innocence immaculée présentée à l’écran est difficile à avaler. Car, en désirant, comme il le dit lui-même «prendre le risque de sortir du cadre», Julien s’égare dans une proximité mal venue avec certains élèves (les plus volontaires), en laissant les autres sur le carreau. Dans une évolution du personnage incompréhensible, il passe de victime au fond du trou à héros revanchard voulant se faire justice lui-même en envoyant des piques assassines à certains membres de la classe. Pire, il use de son statut pour écraser, ridiculiser, voire impressionner, ses étudiants afin que ces derniers aillent dans son sens. Loin d’être blanc comme neige, l’enseignant n’est pour autant jamais autrement montré que comme un martyre qui ne se remettra jamais en question.
De plus, en se concentrant uniquement sur Julien et délaissant entièrement le contrechamp relatif aux élèves, le film accentue ce manichéisme simpliste. Leslie, à l’origine des fameuses vagues, ne sera jamais considérée. À aucun moment le récit ne tentera de comprendre ses agissements, à l’exception d’une ultime scène remettant à nouveau le couvert de la souffrance d’un professeur accusé à tort face à une menteuse.
Inspiré d’une véritable expérience traversée par Teddy Lussi-Modeste alors qu’il était enseignant, Pas de vagues ose s’aventurer à contre-courant des sujets de société actuels. Sur ce point, nous ne pouvons tenir rigueur au réalisateur de vouloir s’appuyer sur son vécu pour raconter le malaise d’un système. Sauf qu’en oubliant d’apporter la nuance nécessaire, la partialité du résultat énerve et s’apparente plus à la vengeance d’un homme blessé par une injustice dont il ne s’est jamais remis. Dès lors, puisqu’il s’agit d’évoquer l’environnement scolaire, nous lui préférerons le récent La Salle des profs bien plus intelligent dans son traitement.
Marvin Ancian
Nom | Notes |
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Marvin Ancian | 7 |