Venus Boyz

Affiche Venus Boyz
Réalisé par Gabriel Baur
Pays de production Suisse, U.S.A.
Année 2001
Durée
Musique David Shiller
Genre Documentaire
Distributeur Ad Vitam
Acteurs Diane Torr, Dred Gerestant, Bridge Markland, Volcano De LaGrace, Mo Fischer
Age légal 18 ans
Age suggéré 18 ans
N° cinéfeuilles 437
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le documentaire de la Suissesse Gabriel Baur, maître en ethnologie, propose une plongée dans un monde marginal mais fier de l'être, celui des drag kings, pendant féminin des drag queens - autrement dit de femmes se transformant en hommes, le temps d'une soirée dans une boîte spécialisée ou pour la vie.

Défilent des créatures, disons, pittoresques; des transsexuelles ou, pour employer les derniers vocables politiquement corrects, adeptes du transgendérisme ou de la transidentité. La galerie va du travesti à l'être hybride bourré de testostérones, en passant par les partisan(e)s de mammectomies et de prothèses permettant d'uriner debout. Les ""noms de guerre"" de ces personnes désirant afficher la masculinité qu'elles perçoivent en elle ou qu'elles revendiquent sont déjà à eux seuls tout un programme... Ce qui fait mal, c'est que le plus souvent la déconstruction de la féminité passe par le renvoi d'une image masculine caricaturale qui laisse rêveur sur les hommes que ces drag kings ont pu côtoyer dans leurs jeunes années. On voit là des personnages parfois attachants mais pitoyables au sens étymologique du terme.

Formellement, le long métrage est bien fait, bien monté (Daniela Roderer, qui a beaucoup travaillé avec Daniel Schmid), bien conduit, fouillé. Mais, au risque de passer pour un vieux croûton, pour un mômier ou pour un fasciste ennemi de l'""art dégénéré"", on peut s'interroger sur la nécessité de braquer une caméra d'ethno-psycho-sexologue sur une minorité bien éloignée du ""Homme et femme il les créa"" de la Genèse. On se retrouve en somme dans une sorte de machisme à l'envers et, paradoxalement, on aboutit à un renforcement des stéréotypes tant honnis: il suffit d'écouter Diane Torr, l'une des pionnières, déclarant: ""Tu as plus de crédibilité si tu es un homme. Dans la rue, les gens s'écartent sur ton passage. Je peux enfin m'asseoir dans le métro"". Bref, comme aurait dit Frédéric Dard, ""Si ma tante en avait, elle serait mon oncle""..."

Daniel Grivel