Notre Monde

Affiche Notre Monde
Réalisé par Luàna Bajrami
Titre original BOTA JONË
Pays de production Kosovo, France
Année 2023
Durée
Genre Drame
Distributeur CityClub
Acteurs Albina Krasniqi, Elsa Mala, Aurora Ferati, Don Shala
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 922

Critique

2007, Zoé et Volta quittent leur village direction Pristina. Une recherche effrénée de liberté, un récit d’émancipation, mais surtout l’attente. Celle de jours meilleurs à la hauteur des rêves qu’elles ont plein la tête.

Présenté en Compétition à la Mostra de Venise en automne dernier, le second opus de Luàna Bajrami poursuit sur la réjouissante lancée de La Colline où rugissent les lionnes (2021). La réalisatrice laisse derrière elle la vie villageoise, sa pesanteur, et le temps qui semble s’écouler au ralenti sous le soleil estival brûlant, pour brosser le portrait de Zoé (Elsa Mala) et Volta (Albina Krasniqi). Arrivées à la ville, l’entrée à la fac paraît désormais si proche, mais elle est toujours empêchée par des imbroglios administratifs sans issue qui confinent à l’absurde. C’est alors l’attente, implacable, celle d’une forme de reconnaissance pour elles qui ont quitté leur campagne et leur famille pleine d’espérances, et de soif de liberté. Mais aussi celle de cette transition qui n’en finit pas pour ce pays tout en entier qui attend depuis la fin de la guerre en 1999, d’être reconnu en tant qu’État à part entière. L’action du film est d’ailleurs plantée en 2007, à la veille de son accession à l’indépendance intervenue en février 2008.

C’est au plus près de cette jeunesse urbaine, exprimé visuellement par des mouvements de caméra précis au plus proche de ses protagonistes, des plans serrés sur les visages, voire sur les peaux, que Luàna Bajrami nous propose de traverser cette tranche de vie d’une incroyable intensité. Un film porté par la performance de ses deux actrices principales et par son rythme qui va crescendo. Il est traversé tout en entier par des fonds sonores pop qui fonctionnent très bien, et par des scènes où les deux protagonistes se renvoient la balle dans un jeu de miroir menteur. Plusieurs scènes de night-club doivent être considérées comme des séquences qui font mouche, et qui font écho à un autre cinéaste qui avait créé la sensation à Cannes lui aussi dès son premier film à l’aube de sa vingtaine: Xavier Dolan. Ces séquences musicales ont un arrière-goût de Laurence Anyways (2012), et on retrouve quelque chose de malin, bien pensé, mais aussi irrévérencieux dans le début de parcours de cette jeune cinéaste née en 2001. Il révèle à la fois une grande lucidité et une manière fluide et intelligente de faire entrer en cohérence et en résonance le fond et la forme. Comme c’était justement le cas avec le si percutant premier opus de Dolan J’ai tué ma mère (2009).

Au village, après ces cris libérateurs de cette bande de filles, c’est un face-à-face et un nouveau récit d’émancipation tout aussi dynamique, bien joué et construit que nous propose la réalisatrice avec ce second long métrage. La confrontation des rêves avec une réalité âpre, mais aussi pleine d’espoirs et de promesses, c’est ce qu’il ressort de ce nouveau portrait habile et enivrant d’une jeunesse qui a, envers et contre tout, la vie devant soi.


Noémie Baume

Appréciations

Nom Notes
Noémie Baume 16
Marvin Ancian 15