Critique
Vincent (Jacques Bidou) vit dans la région lyonnaise et s'ennuie comme un rat mort, aussi bien à l'usine où il est soudeur que chez lui avec sa bobonne, des enfants turbulents et une vieille mère excentrique. Sur le conseil de son père qui, on le comprend, a fui cet environnement, il part découvrir le monde. Ça commence assez bien, par une séquence quasiment muette décrivant le travail à l'usine et faisant penser à Tati. Puis le cinéaste géorgien devient aussi répétitif que le traintrain qu'il dénonce; il se perd dans les accessoires, une foultitude de personnages pittoresques (lui-même se met en scène en vieux faiseur vénitien) et une succession de situations cocasses. Le tout est décousu - trop pour ceux qui aiment une histoire structurée, pas assez pour ceux qui goûtent un zeste de folie -, et le spectateur a l'impression d'être promené dans un cabinet de curiosités, dans un capharnaüm sympathique mais à la longue un peu lassant. Plus nonchalant que jamais, Iosseliani n'a pas ici forcé un talent qui mérite mieux.
Daniel Grivel