Critique
"LES PETITES COULEURS ressemblent aux œuvres enfantines qui ornent les murs des petites classes. Et c'est l'un des grands mérites du film de Patricia Plattner que de réussir ce mélange de naïveté et d'audace capable de faire naître le même sourire amusé.
L'histoire de cette jeune coiffeuse brutalisée par son mari qui trouve son salut dans un motel un peu kitch tenu par une cheftaine au grand cœur, ne tient ni du mélo, ni de la chronique sociale, et relève davantage de l'art de la fresque. Du bleu pour la souffrance, la marque des coups dans la chair, du vermillon pour les robes de l'amour victorieux, des harmonies d'orange et de bleu pour éclairer les murs ennuyeux du motel. Christelle (A. Grinberg) donne à ses sentiments des couleurs intenses et contrastées. Elle joue magnifiquement la femme-enfant battue, recroquevillée sur sa douleur, qui se déplie doucement, encouragée par les attentions de Mona (Bernadette Lafont), réjouissante de paisible et ferme bon sens. Avec les routiers très sympas du motel, nous assistons à une métamorphose, dont la métaphore est le pouvoir de cette drôle de machine à faire les boucles qui permet de ""changer de tête""! Tout ce petit monde joue avec beaucoup de justesse une histoire simple, aux allures de conte. La naïveté du propos, qui dissimule, on l'aura compris, une grande profondeur de sens, est soulignée par une réalisation très classique et une image lumineuse."
Ancien membre
