Réalisé par | Damián Szifron |
Titre original | To Catch a Killer |
Pays de production | USA |
Année | 2023 |
Durée | |
Musique | Carter Burwell |
Genre | Thriller, Policier |
Distributeur | Pathé Films |
Acteurs | Ben Mendelsohn, Shailene Woodley, Jovan Adepo, Ralph Ineson |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 900 |
Nous pensions que Damian Szifron, le réalisateur des Nouveaux Sauvages, tenterait de donner au polar un nouveau souffle. Nous nous trompions. Son deuxième film, To Catch a Killer, manque en effet cruellement d’originalité pour emporter notre adhésion.
Baltimore, Saint-Sylvestre. C’est Nouvel An : les gens sont dehors et font la fête. Des feux d’artifice retentissent et se mêlent soudainement à des coups de feu. Tuerie de masse. Panique dans la ville.
Qu’on le dise sans ambages : l’introduction du film est sans aucun doute sa meilleure séquence, et même son unique moment de bravoure. Szifron y parvient à dissoudre la menace du tueur dans les méandres urbains. Il utilise pour cela des plans généraux sur la ville ainsi qu’énormément de plans zénithaux. Par ce dispositif, il observe à distance la population paniquée s’agiter pour survivre. Ce regard d’entomologiste, dépourvu d’affect, pourrait situer un certain tempérament du film à rechigner toute balise morale, à renvoyer dos à dos la violence du tueur et une violence structurelle incarnée exemplairement par la police, comme les deux faces d’une même médaille. On pense alors à Michael Mann qui renvoie dos à dos Pacino et De Niro dans Heat. Malheureusement, la comparaison ne survit pas après quinze minutes de projection.
Car à partir du moment où le film d’enquête commence véritablement, à savoir où nous embrassons le point de vue d’Eléonor (Shailene Woodley), jeune policière recrutée sans trop d’explications par l’enquêteur du FBI Goeffrrey Lammark (Ben Mendelsohn), le film perd terriblement en intérêt. La faute essentiellement à une écriture reconduisant des clichés du genre complètement ressassés. Nous noterons par exemple l’archétype de la jeune enquêtrice talentueuse bien que sans expérience, dépositaire d’un génie quasi mystique, d’une intuition qui lui fait deviner à l’avance chaque action du tueur. Il y a également les dialogues, pour le moins peu inspirés. À ce titre, il semble certain que Szifron n’est pas un cinéaste du dialogue. En effet dès qu’il doit faire discuter ses personnages pour faire avancer son récit, l’embarras guette le spectateur. Les clichés se tapissent sous les répliques, faisant tomber le film dans de grossiers écueils d’écriture - néanmoins très présents dans le cinéma contemporain hégémonique - : psychologisation simpliste des personnages, propos politique adolescent faussement subversif et sursignification.
À l’inverse, lorsque Szifron s’efforce de restituer de pures scènes d’action – "action" pris ici dans un sens très large -, il peut faire parler un cinéma bien plus intéressant formellement. Dommage donc que son art soit cadenassé par son ambition scénaristique alors que de vraies trouvailles de mise en scène semblent pourtant s’y nicher. L’incipit de To Catch a Killer l’a prouvé…
Tobias Sarrasin
Nom | Notes |
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Tobias Sarrasin | 8 |
Marvin Ancian | 14 |