L'amour et les forêts

Affiche L'amour et les forêts
Réalisé par Valérie Donzelli
Titre original L'amour et les forêts
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Gabriel Yared
Genre Drame psychologique
Distributeur Agora
Acteurs Melvil Poupaud, Romane Bohringer, Virginie Efira
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 900

Critique

Valérie Donzelli s'attaque à un sujet délicat. Elle retrouve l'intelligence, la sensibilité, la finesse dont elle avait fait preuve dans La Guerre est déclarée ou Main dans la main. Nous constatons donc avec soulagement que la colossale niaiserie Notre dame, commise en 2019, n'est finalement, comme nous l'avions espéré dans nos colonnes à l'époque, qu'un accident de parcours.

De nombreux films ont été tournés sur le thème des femmes battues, ou plus exactement des femmes sous emprise, puisque la violence est ici plus psychologique que physique. Certains d'entre eux avec des noms évocateurs ou ironiques tels que Parfait amour ou Des bleus au cœur. Bucolique à souhait, le titre L'Amour et les forêts recèle un récit implacable, faisant la part belle à la volonté et au courage, très bien mis en scène et interprété. Sous le regard bienveillant de sa soeur, Blanche (Virginie Efira) rencontre Grégoire (Melvil Poupaud), un homme parfait, attentionné et plein d'humour. Elle ne se fait pas prier pour le suivre lorsqu'il est muté à l'autre bout du pays pour son travail. Ils s'installent rapidement dans une jolie maison et ont leur premier enfant. Tout à son bonheur, Blanche ne se rend pas compte de ce que le spectateur commence assez vite à ressentir avec une sensation grandissante de malaise: Grégoire est trop gentil, trop aux petits soins, trop parfait pour être honnête. Blanche finit par remarquer que son mari l'isole et n'est pas très heureux de la voir trouver un travail. Elle apprend en outre que Grégoire n'a jamais été muté ailleurs par son patron, mais que c'est lui-même qui l'a souhaité, afin d'éloigner Blanche de sa famille. Le piège est en place, la situation devient infernale et Blanche va devoir trouver le courage et les soutiens divers pour s'émanciper et se sortir du traquenard pendant qu'il en est encore temps, tout en protégeant ses enfants.


Très habilement écrit, le film alterne le récit principal avec des séquences dans lesquelles Blanche témoigne devant une personne que nous n'identifions d'abord pas. Que s'est-il passé ? Qui est cette interlocutrice ? Une avocate, une policière, une co-détenue ? Quelques maladresses, dont une séquence chantée hors sujet dans une voiture, où Valérie Donzelli succombe à son obsession pour les comédies musicales ; et surtout d'avoir confié à Virginie Efira le rôle des deux sœurs jumelles, donnant lieu à d'inévitables séquences champ-contrechamp peu crédibles montrant l'actrice avec ou sans perruque pour les différencier. Pourquoi la réalisatrice n'a-t-elle pas engagé une autre comédienne pour jouer la sœur de Blanche ? Le fait qu'elles soient ou non jumelles ne change rien à l'histoire.


Enfin, le grand point fort de ce film intéressant, nullement spectaculaire, mais à hauteur humaine, passant de l'étouffement à l'espoir, est le choix du toujours excellent Melvil Poupaud, qui joue à la perfection cet homme glaçant, en route vers la folie, jouant avec un brio diabolique du chantage, des excuses, du harcèlement et des appels au pardon. Signalons encore des interprètes convaincants pour les seconds rôles.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 15
Marvin Ancian 12