Plan 75

Affiche Plan 75
Réalisé par Chie Hayakawa
Titre original Plan 75
Pays de production Japon, France, Philippines
Année 2022
Durée
Musique Rémi Boubal
Genre Science-fiction, Drame
Distributeur First Hand Films
Acteurs Chieko Baisho, Stefanie Arianne
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 899

Critique

Plan 75 nous arrive, précédé de ses nominations et récompenses à Cannes ou aux derniers Oscars. Ce drame bénéficiant d'une idée de départ forte et d'excellents interprètes est un film de science-fiction ou, plus exactement, d'anticipation. Nul surnaturel en effet dans cette histoire rationnelle, mais qui nous montre une société contemporaine imaginée qui pourrait hélas ! un jour, en partie ou totalement, devenir réalité.


Au Japon, dans un futur proche, est instaurée par le gouvernement une nouvelle loi, le Plan 75. Destinée à lutter contre le vieillissement de la population et le "surplus de seniors", cette loi autorise toute personne ayant atteint 75 ans à avoir recours à l'euthanasie. Non seulement elle les y autorise, mais elle les y encourage en prenant tout en charge, en leur offrant une coquette indemnité leur permettant de s'offrir un cadeau (ou de payer leurs obsèques!), en leur proposant accompagnement personnalisé et soutien moral. L'état fait passer cela pour une avancée sociétale en prétendant se mettre "au service" des bénéficiaires. Michi (Chieko Baisho, grande star dans son pays) finit par s'inscrire, car elle n'a plus les moyens de payer son loyer. Nous allons donc la suivre dans ce chemin, jusqu'à une conclusion inattendue, ainsi que les jeunes gens chargés d'accompagner les anciens dans leur démarche (chargés surtout de tout faire pour qu'ils ne changent pas d'avis...), et qui ne pourront toujours faire taire leurs états d'âme.


Le film démarre sur une courte scène brutale, qui ne semble être là que pour marquer les esprits, car elle n'est guère utile au récit. C'est dans les sous-entendus, les non-dits, le cynisme de ce Plan 75 que la grande intelligence du scénario s'exprime ; et dans la cruauté de cette loi, habilement masquée par une courtoisie et une bienveillance feintes. Il est notamment interdit aux seniors de rencontrer leurs "accompagnateurs", ils ne peuvent se parler qu'au téléphone ; car faire réellement connaissance pourrait provoquer un attachement et donner envie de "rester". Quant à ces coaches, nous verrons que la théorie apprise par coeur est une autre affaire quand elle devient réalité.


Le récit se déroule avec intelligence, gravité, espoir et pessimisme jusqu'à l'acte de résistance, à la fois anodin et fort, montré dans la dernière scène où la lumière, absente, éclate enfin. Le film est malheureusement desservi par plusieurs lenteurs et une mise en scène bien trop sage, pour ne pas dire impersonnelle, dans la première partie. Jusqu'à une scène bouleversante de conversation téléphonique qui est le tournant du film. À partir de là, la réalisatrice mettra davantage son grain de sel dans l'histoire au lieu de simplement l'accompagner. Si l'on déplore donc l'absence de prise de risques qui auraient accentué la dénonciation et l'aspect glaçant de l'histoire, le film doit toutefois être vu pour son intelligence, sa beauté visuelle et la qualité des comédiens. Et aussi, peut-être, pour se rappeler quelques principes de base en nos temps troublés, afin que des films d'anticipation tels que Plan 75, Le Prix du danger, Traitement de choc ou Soleil vert ne finissent pas, dans un futur plus ou moins lointain, par refléter la réalité.


Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 15
Sabrina Schwob 18