Super Mario Bros, Le Film

Affiche Super Mario Bros, Le Film
Réalisé par Aaron Horvath, Michael Jelenic
Titre original The Super Mario Bros. Movie
Pays de production USA, Japon
Année 2023
Durée
Musique Brian Tyler, Koji Kondo
Genre Animation, Aventure
Distributeur Universal
Acteurs Jack Black, Seth Rogen, Chris Pratt, Charlie Day, Keegan-Michael Key, Anya Taylor-Joy
Age légal 6 ans
Age suggéré 8 ans
N° cinéfeuilles 899

Critique

Ce film est, bon gré mal gré, un événement. Après tout, il s’agit de la première adaptation entièrement animée d’un jeu vidéo en long métrage en territoire occidental (le Japon l’a déjà fait, car ils ne sont pas aussi handicapés culturellement que nous). Mais en confiant l’entièreté du projet à des équipes franco-américaines, Nintendo n’a réussi à accoucher que d’une souris.

 

Nos lecteurs plus âgés connaissent sans doute moins l’univers des jeux vidéo, et donc de Super Mario. Pour la faire brève, Super Mario est un personnage de jeu vidéo conçu par le Japonais Shigeru Miyamoto, qui apparaît pour la première fois dans le jeu vidéo Donkey Kong en 1981, avant d’avoir droit à son propre jeu vidéo, Super Mario Bros en 1985, publié par la compagnie japonaise Nintendo, dans lequel il apparaît aux côtés de son frère Luigi. Succès mondial, nenni, déflagration culturelle internationale, l’univers que Nintendo a créé autour du personnage de Mario est devenu l’oriflamme du médium vidéoludique. La franchise estampillée « Mario » est tout simplement la plus grande de l’histoire de l’industrie, avec 20 jeux et plus de 800 millions de copies vendues à ce jour.


Au Japon, le jeu vidéo est considéré comme une forme artistique noble qui a assis sa place parmi l’histoire visuelle du pays, alors que dans nos sociétés technophobes et iconoclastes, il est encore vu comme un divertissement vulgaire et puéril, voire dangereux. Cela se voit notamment dans les adaptations cinématographiques de Mario. En Occident, ce sont les USA qui ont produit pour la télévision pléthore de cartoons sans saveur destinés aux enfants dès les années 1980. Au Japon par contre (fait peu connu chez nous), Nintendo avait donné au réalisateur Masami Hata les rênes d’un long métrage d’animation en 1986, Super Mario Bros.: The Great Mission to Rescue Princess Peach!, qui est la première adaptation au cinéma d’un jeu vidéo, et qui plus est, entièrement dessiné à la main (il est sur YouTube, allez le voir).


En 1993 toutefois sortait en Amérique Super Mario Bros. : The Movie avec Bob Hoskins et John Leguizamo, sans la supervision de Nintendo. Produit par Roland Joffé (The Killing Fields), le film se voulait une version adulte de l’univers joyeux de Mario. Mais une production catastrophique et des visions divergentes avec les réalisateurs Rocky Morton et Annabel Jankel ont abouti à un des plus gros désastres critiques de l’histoire (même si on le regarde aujourd’hui avec tendresse pour ses audaces scénaristiques). Tant et si bien que cela a mis, en Occident donc, un frein notable aux adaptations de jeux vidéo sur grand écran, désormais associées au mauvais goût.


Aussi, quand un nouveau projet d’adaptation de Super Mario a été annoncé en 2021 avec l’assurance que Miyamoto participerait à l’élaboration du script, les attentes étaient élevées. Les attentes, mais aussi les doutes, car l’entièreté du casting et de la production serait américaine, tandis que l’animation serait confiée au studio français Illumination, responsable de Moi, moche et méchant et de la franchise des Minions. Et la réalité est en effet celle-ci, à savoir que le produit final a été fait sans aucune intervention des artistes japonais, et conçu entièrement pour un public américain et européen. Un produit commercial sans amour, sans passion, et plus grave encore, sans idées.


Certes, on ne cessera de le dire, les visuels sont parmi ce qui s’est fait de mieux en termes d’animation de synthèse : c’est coloré, élastique, dynamique. Mais la forme n’a jamais suffi à sauver le fond. L’intrusion de références pop qui n’ont rien à voir avec l’univers de Super Mario (notamment dans les choix de morceaux de la bande-son), et un scénario qui plagie presque scène par scène celui du film de 1986 en y injectant des sous-textes romantico-sexuels nauséabonds finissent par nous faire regretter nos manettes.

Anthony Bekirov

Appréciations

Nom Notes
Anthony Bekirov 5
Blaise Petitpierre 10