The Quiet Girl

Affiche The Quiet Girl
Réalisé par Colm Bairéad
Titre original An Cailín Ciúin
Pays de production Irlande
Année 2022
Durée
Musique Stephen Rennicks
Genre Drame
Distributeur Praesens
Acteurs Catherine Clinch, Carrie Crowley, Andrew Bennett
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 899

Critique

Que peut produire une enfance sans affection ? C’est ce que montre ce film humble et sensible, en suivant, le temps d’un été, une petite fille de neuf ans.


The quiet girl a été remarqué au Festival de Berlin 2022, primé, loué pour ce qu’il dit sur l’enfance. Premier long métrage de Colm Bairéad, il fait preuve d’une maturité solide, autant pour son scénario que pour ses qualités filmiques. C’est « une histoire délicate pleine de détails sur l'enfance, le deuil, la parentalité et la reconstruction d'une famille » a estimé le jury. Pour le réalisateur qui l’a adapté d’une nouvelle de l’écrivaine irlandaise Claire Keegan (Foster, 2010), c’est « aussi la petitesse de l’histoire à laquelle je croyais. Je suis très attiré par cette notion que quelque chose d’assez vaste et profond peut se trouver dans de petits endroits, dans un récit empreint d’humilité ; et de rappeler le point de vue du réalisateur britannique Mark Cousins, « selon lequel l’art nous montre encore et encore que si nous regardons de près et ouvertement une petite chose, nous pouvons voir une grande s’en occuper. »


Il s’agit en effet d’une bien petite chose : Cáit (Catherine Clinch), fillette silencieuse de neuf ans qui grandit en silence dans la campagne irlandaise de 1981. Ces années-là, la vie est encore rude dans l’île, peut-être même rustre. L’argent manque. Surtout dans la famille de Cáit qui ne voit guère augmenter que le nombre de ses enfants. Travail croissant pour la mère - elle n’a de temps pour rien -, absence du père accroché au jeu. Si bien qu’à l’approche d’un nouvel accouchement, c’est sans regret qu’on va envoyer cette fillette-là chez une cousine, afin qu’elle y passe l’été.


Le film montre ce changement de milieu. Certes, le couple de cousins est plus aisé que celui des parents. Mais ce sont les gestes, les façons de faire, les rares mots prononcés – les seuls nécessaires – qu’observe l’enfant ; ce sont ces détails qui éveillent sa réflexion et la révèlent à elle-même. The quiet girl donne son point de vue, il est filmé à sa hauteur et réussit de façon troublante à amener le spectateur jusqu’aux chagrins et aux questions de la fillette. La sensibilité, la tendresse du réalisateur font merveille dans ce portrait.


Il y a autant d’aptitude dans la façon de filmer. Outre son excellente direction d’acteurs, Colm Bairéad donne un ample souffle poétique à son œuvre. Il choisit un cadre étroit, presque carré, et y place des images qu’il magnifie par ses angles de vue. Ce sont des frondaisons prises en contre-plongée, des chemins creux en perspective, des campagnes préservées. Ce sont aussi les visages des protagonistes, Cáit surtout, qui n’ont pas à dire beaucoup pour exprimer leurs sentiments. Le cinéma, c’est avant tout de l’image.


Avec The quiet girl, le cinéaste irlandais livre un vrai film sur l’enfance, délicat attachant, réalisé comme si Cáit racontait elle-même son histoire. Cela aussi est rare. Particularité supplémentaire, il est parlé la plupart du temps en gaélique irlandais, langue officielle du pays. L’anglais n’intervient qu’à quelques occasions, l’école par exemple. Ce choix témoigne aussi des affinités du réalisateur, de son appartenance à une terre qu’il aime et dont il s’emploie avec talent à montrer les singularités.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18
Marvin Ancian 17
Sabrina Schwob 14
Adrien Kuenzy 13
Anthony Bekirov 9
Pierig Leray 14