Critique
La ville, c'est encore et toujours Marseille. Elle est aussi tranquille que le cap de Bonne-Espérance était facile à doubler pour les navigateurs. Au pied de la coupole de Notre-Dame de la Garde, des destins se croisent et s'entrecroisent.
Cette fois, Robert Guédiguian a abandonné les pagnolades de Marius et Jeannette pour un registre nettement plus sombre: une jeune grand-mère gagne durement la vie de sa famille (un mari chômeur et buveur, une fille toxicodépendante et mère célibataire) au marché aux poissons; un docker lâche ses camarades grévistes et se paie un taxi grâce à son indemnité de licenciement; un détenu black libéré cherche à aider ses frères; une bourgeoise engagée ne supporte plus son mari de gauche caviar; l'extrême-droite fait son chemin...
Guédiguian reprend ses acteurs favoris et les use jusqu'à la corde. Même si la couleur est noire, ça sent le déjà-vu, et l'histoire à suivre: les principaux protagonistes ne meurent pas à la fin du film. Et à propos de noir, les romans de la série de même couleur signés Jean-Claude Izzo nous semblent présenter une image de Marseille autrement nuancée et réaliste.
Daniel Grivel