Réalisé par | Lise Akoka, Romane Guéret |
Titre original | Les Pires |
Pays de production | France |
Année | 2022 |
Durée | |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | Outside the Box |
Acteurs | Johan Heldenbergh, Mallory Wanecque, Timéo Mahaut |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 898 |
Lauréat du prix Un certain regard au Festival de Cannes 2022, Les Pires, premier long métrage du duo de réalisatrices Lise Akoka et Romane Guéret, est une réflexion sensible et pleine de subtilité sur les quartiers français et leur représentation filmique.
Le film s’ouvre avec les images d’un casting : Gabriel, un réalisateur belge, cherche les protagonistes de son prochain long métrage, qu’il compte tourner dans la cité Picasso, à Boulogne-sur-Mer. Il s’entretient avec plusieurs adolescents aux parcours atypiques, et choisit finalement quatre jeunes gens, considérés comme les plus difficiles du quartier – les « pires ». Au fil du tournage du film de Gabriel, qui traite de la situation complexe des quartiers, réalité et fiction se mêlent et le spectateur découvre la trajectoire de chaque protagoniste. On plonge ainsi dans le quotidien à la fois ordinaire et bouleversant de Ryan, élevé par sa sœur et souffrant d’accès de colère incontrôlables, de Lily, profondément marquée par le décès de son petit frère, de Jessy, contraint de performer une masculinité dominante pour masquer sa sensibilité ou encore de Maylis, peinant à trouver sa place sur le plateau.
Jouant habilement avec les codes du documentaire, notamment via une caméra portée, la mobilisation d’interprètes non-professionnels et un cadrage au plus près du réel, Les Pires parvient avec brio à dépeindre l’atmosphère unique que crée le dispositif d’un tournage de cinéma tout en traitant, au sein de ce microcosme, de moments propres à l’adolescence, des premiers émois amoureux ou sexuels aux moqueries souvent injustes, en passant par le sentiment de ne jamais être compris par autrui, à commencer par les adultes.
Le long métrage évite avec intelligence l’écueil du misérabilisme en thématisant sa propre démarche par le biais du film dans le film : la démarche de Gabriel – présenter la cité comme un espace marqué par la pauvreté et la violence – est sans cesse questionnée, de manière parfois explicite, par les protagonistes. De plus, le personnage du cinéaste, malgré sa sensibilité et son empathie, demeure toujours en dehors de la réalité de celles et ceux qu’il filme, qu’il est contraint de représenter sans jamais la vivre. Ainsi, outre sa représentation de figures d’une humanité touchante incarnées par des jeunes comédiennes et comédiens prometteurs, Les Pires fait en quelque sorte son autocritique à travers un métadiscours stimulant.
Noé Maggetti
Nom | Notes |
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Noé Maggetti | 17 |