Je verrai toujours vos visages

Affiche Je verrai toujours vos visages
Réalisé par Jeanne Herry
Titre original Je verrai toujours vos visages
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Pascal Sangla
Genre Drame
Distributeur Frenetic
Acteurs Jean-Pierre Darroussin, Élodie Bouchez, Miou-Miou, Leïla Bekhti, Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Suliane Brahim, Gilles Lelouche
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 898

Critique

Je verrai toujours vos visages comporte une composante informative importante. Le film de la réalisatrice Jeanne Herry est intéressant à plus d’un titre et réussit à attirer l’attention du spectateur non seulement sur un double récit plein d’émotion, mais aussi sur une réflexion concernant le fonctionnement d’une institution juridique française parfois mal connue, celle de la « Justice Restaurative ».


Cette institution existe depuis une dizaine d’années dans l’Hexagone et permet tant aux victimes qu’aux auteurs d’infractions de prendre contact les uns avec les autres et de tenter d’instaurer ainsi un dialogue, tout en bénéficiant de dispositifs officiels et sécurisés. Film de fiction très personnel en même temps que document explicatif Je verrai toujours vos visages bénéficie d’un casting parfait et d’une mise en scène bien maîtrisée.

Jeanne Herry suit d’un côté Nassim (Dali Benssalah ), auteur d’une grave infraction, et de l’autre Chloé (Adèle Exarchopoulos ), victime de viols incestueux. Tous deux se sont engagés dans le processus de la Justice Restaurative. À leurs côtés, plusieurs autres victimes ou responsables de méfaits s’exprimeront devant des spécialistes de cette institution juridique ainsi que devant des bénévoles. Les discussions sont bien gérées, remplies d’espoir et de colère, de tentatives de réconciliation et de douloureux déchirements, chacun des intervenants s’efforçant de prendre vraiment conscience de ce qui s’est passé et, au travers d’un processus de réparation, d’essayer de retrouver confiance en soi et dans l’existence. Auteurs et victimes, tous se retrouvent confrontés les uns avec les autres autour d’une table, évoquant traumatismes et émotions.


Le scénario de Jeanne Henry parle de la complexité des problèmes, des ruptures psychologiques qui perturbent les personnages, tout cela au travers d’un dialogue de bon niveau, lors de rencontres dynamiques au cours desquelles chacun s’efforce d’écouter l’autre tandis que les responsables juridiques jouent le rôle de pacificateurs et d’animateurs. Chacun peut exprimer sa souffrance et découvrir parfois des réactions identiques aux siennes et reconstruire un lien social.


Dans le scénario qu’elle a ainsi défini, la cinéaste a choisi de parler parallèlement des actes de violence de Nassim et de ceux dont a été victime Chloé. Au spectateur de se concentrer et de ne pas mélanger les deux récits… On est en présence de deux situations différentes donnant pour la première une place prioritaire à des détenus auteurs de vols à domicile, et en mettant en images pour la seconde un drame intime et intrafamilial assez complexe (un frère agresseur d’une sœur qui est en même temps victime de sa famille, manifestement à l’origine de cette brutalité). Il s’agit là, précise la cinéaste, de situations relativement courantes aujourd’hui et dont on commence à prendre conscience. Ce qui explique la création, dans le contexte juridique français actuel, de cette Justice Restaurative qui s’efforce de lutter contre la récidive en favorisant également la réinsertion sociale des auteurs de méfaits et de leurs victimes dans la société.

Avec Je verrai toujours vos visages Jeanne Herry a réalisé un film sociétal de qualité et classique dans sa forme. Les dialogues sont précis, les personnages attachants et le jeu des acteurs (ils sont une douzaine) bien maîtrisé. Le sujet est important, sérieux et branché sur l’actualité.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 17