Foudre

Affiche Foudre
Réalisé par Carmen Jaquier
Titre original Foudre
Pays de production Suisse
Année 2022
Durée
Musique Nicolas Rabaeus
Genre Drame
Distributeur Sister Distribution
Acteurs Sabine Timoteo, Lilith Grasmug, François Revaclier, Diana Gervalla, Benjamin Python, Noah Wtzlawick
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 897

Critique

Dans une société de paysannerie montagnarde, bridée par le contexte pudibond de jadis, Foudre évoque l’éveil à une sensualité inacceptable pour ce milieu. Lyrisme, esthétique et poésie y prennent une large part. 

 

En 1900, le sexe est considéré comme une partie honteuse du corps. Mais la notion n’atteint pas l’intérieur du couvent tout occupé à la dévotion. Elisabeth (Lililth Grasmug) y a vécu les premières années de son adolescence. À 17 ans, elle est rappelée par sa famille à la suite du décès de sa sœur aînée. Qu’est-il arrivé à cette dernière ? Personne ne veut en parler. Alors qu’elle redécouvre les durs travaux de la campagne, la jeune fille s’interroge et cherche ; ce qu’elle découvre va anéantir sa sérénité.


Foudre est le premier long métrage de Carmen Jaquier. En 2018, elle a partagé avec Ursula Meier le prix Suissimage qui récompensait le projet de ce film. La réalisatrice genevoise s’y est inspirée d’un fait divers, l’immolation par le feu de deux jeunes berlinois. Elle a aussi lu les petits carnets laissés par son arrière-grand-mère qui y entretenait une conversation amoureuse avec Dieu. Le désir, vu comme le socle de l’amour mystique, mêlé aux sentiments troublés de l’adolescence fournit la trame de l’histoire. Forcément, c’est un point de vue qui entre violemment en contradiction avec la mentalité d’un petit village de montagne, d’une société que l’âpre travail quotidien empêche de réfléchir au-delà de ce qu’impose la tradition.


Carmen Jaquier part de la religion catholique, « qui a beaucoup à voir avec les sentiments de honte et d’infériorité que peuvent ressentir les femmes, pour la confronter à une réflexion plus large, une quête pour une sexualité douce, amicale et bienveillante, un retour à soi et au corps que nous sommes et à la transcendance. Dieu libéré de la pratique devient un territoire infini de réflexion. » Loin d’écrire une œuvre partisane, elle montre les rôles assignés à chacun et leur acceptation indiscutée. La mère (Sabine Timoteo) qui élève rudement ses filles, sans le moindre questionnement, est soumise elle-même à la règle commune. Étant occupé aux champs, le père (François Revaclier) doit pouvoir compter sur elle. Quant à la faute, elle est forcément d’ordre sexuel et ses conséquences ne peuvent qu’être dramatiques.


Le film montre plus qu’il ne dit. L’histoire passe davantage par les images, magnifiques, que par le texte, sinon la lecture en voix off du carnet d’Innocente. La musique y trouve une place, particulièrement bien choisie. Quelques séquences paraissent excessives, d’autres s’allongent un peu trop ; peut-être faut-il voir cette œuvre comme un conte dans lequel s’agitent les fantasmes d’adolescents en mal de liberté, ou plutôt de libération. Elle se donne à voir surtout comme une œuvre lyrique, comme un large souffle de poésie, dans laquelle la nature retrouve son rôle de mère protectrice.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 16