Critique
Il paraît que ce long métrage d'animation fait un tabac au Japon, et cela se comprend. Sans avoir le rythme trépidant de MONSTRES & CIE ni le feu d'artifice des effets spéciaux informatisés, c'est de la belle ouvrage et une jolie histoire tirée de vieilles légendes japonaises.
Chihiro est une fillette qui rechigne devant le déménagement de sa famille et qui boude sur le siège arrière de la voiture. Arrivé à proximité du nouveau domicile, son père se trompe de route et doit freiner en catastrophe devant une étrange borne défendant l'entrée d'une galerie qui traverse un mystérieux bâtiment. Tous trois s'engagent à pied dans le tunnel, à la sortie duquel ils découvrent des constructions délabrées qu'ils prennent pour un parc à thème abandonné. Attirés par des odeurs appétissantes, ils entrent dans un restaurant désert mais dont les tables croulent sous les victuailles; père et mère se mettent à se goinfrer, tandis que Chihiro part en exploration. Un garçon surgi de nulle part, Haku, l'accueille mais la presse de partir avant que la nuit ne tombe, car le site est peuplé d'êtres qui exècrent les humains. Trop tard... Tandis que ses parents ont été transformés en cochons destinés à l'engraissement, la fillette va de surprise en surprise et ouvre de grands yeux devant des créatures insolites et parfois assez effrayantes: sorcières, monstres de contes de fées, dragon, bébé géant, mais aussi des bestioles marrantes.
L'esthétique du film est bien évidemment japonisante, mis à part les traits de Chihiro et de Haku, suffisamment banalisés pour permettre à de petits Occidentaux de s'identifier, et la musique un tantinet sirupeuse; les décors ont de la profondeur, paysages et massifs de fleurs reposent l'oeil. Compte tenu de la longueur du dessin animé et de quelques scènes impressionnantes, et sans vouloir interférer dans les décisions d'une commission que le soussigné a constituée puis présidée pendant huit ans... il semble déconseillé d'amener des spectateurs de moins de 10 ans.
Daniel Grivel