Infinity Pool

Affiche Infinity Pool
Réalisé par Brandon Cronenberg
Titre original Infinity Pool
Pays de production Canada, Hongrie, Croatie
Année 2023
Durée
Musique Tim Hecker
Genre Science-Fiction, Horreur, Thriller
Distributeur Amazon
Acteurs Alexander Skarsgård, Cleopatra Coleman, Mia Goth
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 897

Critique

Le fils du célèbre David Cronenberg n’a décidément pas le même talent. Dans son dernier film, le body horror, le gore, la violence et le sexe sont tous bien présents, mais sans la profondeur psychologique des scénarios de son père.


Avec le brillant compositeur de musique électronique expérimentale Tim Hecker à la bande-son et une photographie soignée, Infinity Pool nous a vendu du rêve. Seulement voilà, l’histoire ne provoquera que roulement d’yeux et soupirs. Notons tout de même l’exploit d’avoir façonné des personnages à la fois trop vides pour être attachants et trop imbibés de mauvaise foi pour être amusants. C’est précisément la question de l’entre-deux au niveau du ton, entre film d’art et nanar, qui rend le visionnage insupportable.

L'argumentaire aurait pu pourtant nous prévenir sur la qualité du film. L’écrivain déprimé James Foster (Alexander Skargård) accompagné de sa femme Em Foster (Cleopatra Coleman) passent leurs vacances dans une station balnéaire située sur la mystérieuse île fictive de La Tolqa. Alors qu’Em dit en riant n’être avec lui qu’à cause de ses problèmes avec son père (« daddy issues » dans la version originale), James tombe évidemment sous le charme de Gabi Bauer (Mia Goth), une fan de son unique roman qui se trouve par hasard dans le même hôtel, et la suit avec son groupe d’amis dans des péripéties violente et hédoniste. Admettons que nous puissions passer outre le lieu commun du personnage d’artiste masculin torturé et les implications de ce topos sur les représentations des rapports de genre au sein du couple, il faut encore redoubler l’effort sur les questions des rapports de classe et coloniaux dépeints par le film sans être pour autant problématisés ! Face à la description de bourgeois qui font les quatre cents coups dans ce pays totalitaire précaire, qui a des avancées scientifiques étonnantes et où les panneaux sont marqués d’écritures rigolotes (il aurait été trop évident que ce soit du cyrillique…), il est tout de même curieux de voir un film américain en 2023 qui n’a pas encore conscientisé la chute du mur de Berlin.

Comme nous l’avons évoqué, la photographie est pourtant intéressante. Par exemple, lors des champs-contrechamps, pour indiquer une forme d’isolement des personnages, la composition ne laisse pas de place à leur interlocuteur. Cet isolement est appuyé par des gros plans, voire très gros plans, mais cet effet est amoindri quand la caméra insiste sur ce dont les personnages parlent, p. ex. une bouche quand on parle de bouche. Nous n’éprouvons également aucune empathie pour ces personnages : il est véritablement impossible de tolérer autant de clichés et de mauvaise foi. Outre des références christiques gratuites, une vingtaine de minute avant la fin du supplice, le personnage principal se fera accuser d’être un parvenu sans talent qui ne doit son succès qu’à son beau-père. Le spectateur critique grimacera face à ce niveau de malhonnêteté du film. Si Brandon Cronenberg veut nous faire un aveu sur son propre film, ne nous convainc pas : nous aurions préféré qu’il lave son linge sale en privé.

Ani Gabrielyan

Appréciations

Nom Notes
Ani Gabrielyan 7