Sur les chemins noirs

Affiche Sur les chemins noirs
Réalisé par Denis Imbert
Titre original Sur les chemins noirs
Pays de production France
Année 2023
Durée
Musique Wouter Dewet
Genre Drame
Distributeur Pathé Films
Acteurs Jean Dujardin, Joséphine Japy, Izïa Higelin, Annie Duperrey
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 897

Critique

Marcher pour se retrouver soi-même, comme l’a fait l’aventurier Sylvain Tesson. Conçu juste après le confinement, ce film tente d’évoquer cette aspiration étouffée par le tourbillon de la vie quotidienne.

L’écrivain aventurier français Sylvain Tesson a traversé des régions quasi désertes par des pistes à peine tracées qu’il appelle les chemins noirs. Accidenté, immobilisé durant de longs mois sur un lit d’hôpital, il s’était promis que, guéri, il traverserait la France du sud-est au nord-ouest, soit quelque 1300 km à pied, seul. Il en a résulté un livre vendu à plus de 230'000 exemplaires, que le réalisateur Denis Imbert adapte librement. Jean Dujardin enfile les chaussures du marcheur. « J’ai toujours eu ce fantasme, très humain, de partir en me débarrassant de plein de choses et d’aller sur les chemins », explique le comédien, devenu Pierre Girard pour l’occasion.

Voilà pour la genèse du film. Sa réalisation est plus discutable. Conçue pour rendre compte de la pérégrination, elle s’emploie trop souvent à la détourner par les souvenirs, l’accident, les soirées et l’alcool qui l’ont provoqué, les amours superficielles, bref, une vie opposée à celle qu’induit la traversée du pays en solitaire. Cela gêne le rythme de l’expérience commencée dans le Var ; comme s’il était impossible de consacrer un temps continu au silence et à la méditation.

En suivant l’itinéraire avec son personnage, Denis Imbert est plus économe. Les sentiers surplombent des paysages magnifiques que Pierre Girard peut contempler. Il s’agit de faire comprendre, sentir dans les muscles ce que coûte l’escalade des collines, l’avancée dans les pierriers, l’aridité du sol, les risques à chaque pas. Il y encore les nuits à la belle étoile, la pluie, le froid ou la chaleur, le passage des loups… Pour le protagoniste, rencontrer la nature c’est aussi se rencontrer lui-même.

Aussi le réalisateur a-t-il tenu à être proche de son personnage « au coin d’un feu, il va, il va lire, poser son livre, fumer un cigare, remettre du bois… Et c’était vraiment cette longueur que je recherchais, elle permet à l’acteur d’abandonner ses réflexes d’interprétations, pour laisser l’inconscient agir. Toujours aller chercher cela. »

C’est une grande exigence qui ne sera pas continuellement tenue. Un exemple est le manque de rigueur du découpage, particulièrement frappant. L’essentiel du film se déroule entre le Mercantour et le Cantal ; puis arrivent quelques champs, des vaches et voici déjà la Loire. À peine plus loin ce sont les moutons des prés salés et le Mont Saint-Michel. Girard arrive au Cotentin et la mer le fait pleurer, c’est normal après un tel défi. Mais la fin de son voyage en raccourci gâche ce moment très intime et donne à croire que seuls sont intéressants les plans spectaculaires…

Questionner l’encombrement de la vie quotidienne, la dépouiller petit à petit jusqu’à retrouver le goût de l’essentiel… Sur les chemins noirs était un contrat inconfortable. Il aurait fallu s’y engager avec une grande rigueur… C’était plus difficile.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12