En plein feu

Affiche En plein feu
Réalisé par Quentin Reynaud
Titre original En plein feu
Pays de production France, Belgique
Année 2022
Durée
Musique Delphine Malausséna
Genre Catastrophe
Distributeur Apollo Films
Acteurs André Dussollier, Alex Lutz, Sophie Parel
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 897

Critique

En plein feu est l’occasion pour Simon (Alex Lutz) et son père Joseph (André Dussollier) de faire l’expérience concrète et paroxystique du réchauffement climatique, la canicule estivale embrasant la forêt des Landes à proximité de laquelle ils vivent. Il faut donc prendre la fuite pour ne pas mourir. Fuite que le réalisateur Quentin Reynaud identifie à la rédemption…


La contiguïté que le film dispose entre le grandiose et l’ordinaire, le mythique et le singulier, l’absolu et le particulier, réalise la belle promesse du film-catastrophe : le mixage des niveaux d’échelles. Qu’est-ce que nous aimons voir dans ce genre de films la cellule intime, familiale, en proie à des événements d’ordre cosmique ! La psychologie individuelle côtoie alors l’eschatologie, la monade se trouve d’un coup propulsée dans une grande histoire collective. À ce titre, l’idée d’un film catastrophe prenant pour matière première le feu est gagnée d’avance. Le feu, c’est à la fois la contingence, humaine et politique, du réchauffement climatique et la nécessité de l’Enfer.

Mais cet enchevêtrement des échelles, En plein feu ne se contente pas de le postuler, il l’incarne cinématographiquement et sensoriellement. En témoigne la plus belle scène du film : emprisonnés dans les flammes et la cendre, Simon et Joseph parviennent à trouver un chemin par lequel ils peuvent s’échapper ; en seulement quelques secondes, ils retrouvent – pour le moment – le ciel bleu et le soleil, faisant ressentir très concrètement au spectateur la faible étendue de cette apocalypse. Un plan large insiste ensuite sur la relative petitesse de l’incendie, qui paraissait pourtant, lorsque nous étions en son sein, n’être rien d’autre que la géhenne.


La fin du monde sera donc d’échelle humaine, nous dit Quentin Reynaud. Et inversement, le sauvetage matériel des humains sera l’occasion d’une rédemption de leurs âmes. Telle est la catharsis que devra parcourir Simon : sa course contre la mort sera un chemin de croix, ou plutôt un exode. Sa terre promise : le bord de l’océan atlantique, là où vit son fils avec qui la relation est jusque-là compliquée, également là où se cristallise le trauma de la mort de sa fille. Dommage donc que la dimension biblique finisse par être au service d’un plutôt banal récit de traumatisme et de résilience…

Dommage également que le film soit parfois plombé par des dialogues trop didactiques, pas suffisamment naturels ainsi que par des situations qui semblent cousues de fil blanc, facilement lisibles pour le spectateur. Reconduisant certains clichés du genre, le métrage s’avère donc beaucoup trop peu surprenant et par moment, disons-le, ennuyant. Ceci vient franchement ternir la copie de ce film, certes plein de promesses et loin d’être inintéressant, mais finalement peu marquant et dont le spectateur ressort avec une sensation des plus mitigées.

Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 11