Et l’amour dans tout ça?

En mal de tendresse et de Happy end? Il n’en faut pas plus pour vous motiver à aller voir ce film, qui est cependant bien en deçà des blockbusters du genre: la faute à une écriture un peu trop pauvre, stéréotypée où l’on devine la fin au bout de 20 minutes de visionnage, sur fond d’encouragement interculturel (oui, c’est à la mode).

Zoe (Lily James), une jeune réalisatrice de film documentaire londonienne peine à trouver l’amour au grand désespoir de sa mère (Emma Thompson). En plein questionnement sur le sujet, celle-ci s’intéresse au concept de mariage arrangé pour son prochain projet cinématographique: les producteurs sont emballés. Coïncidence, son ami d’enfance Kazim (Shazad Latif) opte pour ce modèle de rencontre sur les conseils de ses parents, pakistanais d’origine, musulmans et pratiquants. La jeune réalisatrice suivra Kazim durant toutes les étapes du processus, du premier entretien avec l’entremetteur jusqu’au mariage effectif. Nous vous laissons deviner la suite qui s’ancre parfaitement dans la tradition narrative des comédies romantiques, où l’héroïne en plein questionnement existentiel se sent au milieu d’une impasse - tout semble immuable, figé, sans espoir puis suite à un retournement de situation accède à un dénouement heureux et romantique. Une recette qui a déjà conquis un public de masse depuis les années 1970 avec toujours la même trame de fond censé divertir et réconforter le spectateur: en amour, tout est possible soyons donc optimiste. Bordé par des valeurs honorables telles que la tolérance ainsi que l’ouverture d’esprit, pourquoi choisir un film cérébral, larmoyant, politiquement engagé ou novateur alors que pour le même prix nous pouvons choisir de voir de la confiture ? Sans grand intérêt intellectuel certes, mais qui nous permettra de débrancher du quotidien, de nous sentir bien, bref de consommer des films pour apaiser notre société dopée au sucre et aux antidépresseurs. Revenons à ”What’s love got to do with it”, produit par la société britannique Working Titles, filiale d’Universal Studio qui est incontestablement une spécialiste des comédies romantiques – ces films dont on ne se souvient jamais vraiment du réalisateur, mais toujours des acteurs ainsi que de ce sentiment léger, un peu niais à la sortie de la salle: Coup de foudre à Notthing Hill en 1999, Le journal de Bridget Jones en 2001, Love Actually en 2003 pour ne citer que les plus célèbres. Le succès commercial de ces titres étant assuré puisque la formule reste attractive 30 ans après, signe que le cinéma populaire à encore de beaux jours devant lui.