Matter Out Of Place

Affiche Matter Out Of Place
Réalisé par Nikolaus Geyrhalter
Titre original Matter Out Of Place
Pays de production Autriche
Année 2022
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Frenetic
Age légal 8 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 895

Critique

Cinéaste documentariste autrichien (il a tourné une bonne vingtaine de films) Nikolaus Geyrhalter s’est toujours intéressé aux problèmes qui peuvent surgir sur notre planète. Avec Matter Out Of Place (primé à Locarno) il aborde la question complexe du traitement des déchets qui s’accumulent sur tous les continents.

Matter Out Of Place ne se présente pas comme un documentaire de facture habituelle. Le cinéaste ne s’adresse à son public qu’à travers les images de son film: il ne recourt pas aux commentaires, il n’y a quasiment pas de voix off, pas de dialogues, pas de musique. Bien des séquences sont silencieuses et le spectateur est souvent pris à contre-pied des règles qui accompagnent habituellement un documentaire dit «classique» (avec une composante explicative ou «pédagogique»). A chacun donc d’interpréter personnellement ce qu’il voit, de donner un sens aux différentes images qui se succèdent sur l’écran. Il s’agit d’en saisir le message, même si l’on peut se sentir peut-être esseulé et peu à l’aise devant certaines séquences: de magnifiques plans sont ainsi bousculés par des images dérangeantes, déclenchant comme un sentiment de culpabilité qui émerge de l’écran et s’adresse à tout un chacun. Oui nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, à l’origine de ce désordre, même si dans nos sociétés certaines entreprises s’efforcent de lutter de manière efficace contre cette invasion malvenue.

Nikolaus Geyrhalter nous emmène avec sa caméra tout autour du globe.

Les situations évoquées sont très souvent originales (balayeurs de rues débordés dans une ville indienne, nettoyeurs de sable fatigués après une réunion festive dans le désert du Nevada). On passe d’un pays à l’autre (Népal, Suisse, Autriche, Albanie, Grèce, îles Maldives, etc.), toujours à la recherche d’une solution idoine, mais les déchets émergent et s’accumulent. Bien des images du film sont fascinantes et inquiétantes.

Dans la deuxième partie de ce documentaire le réalisateur quitte les montagnes de détritus et cherche à se glisser à l’intérieur des usines chargées de traiter et de faire disparaître (le mieux possible) tout ce que la population rejette. Place alors aux machines et aux immenses broyeuses, mais ces séquences ne sont pas toujours très réconfortantes. Sans prendre parti le cinéaste montre la disparité des moyens et des solutions: la tâche sera sans fin, semble-t-il dire, tout en pointant du doigt nos erreurs. Les ordures continuent en effet de s’accumuler sur les plages, à la montagne, sur les fonds de mer ou dans les fissures de la terre. Nikolaus Geyrhalter constate que les solutions ne sont pas (encore?) trouvées, que l’on ne parvient que très difficilement à seconder, individuellement ou collectivement, toutes celles et tous ceux qui cherchent à maîtriser la situation et qui s’engagent, dans une lutte qui paraît sans fin, à faire disparaître les immenses accumulations d’immondices que nous produisons chaque jour.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16