Erica Jong Breaking the Wall

Affiche Erica Jong Breaking the Wall
Titre original Erica Jong Breaking the Wall
Pays de production Suisse
Année 2022
Durée
Musique Brian Eno, Roger Eno
Genre Documentaire
Distributeur Vinca Films
Age légal 10 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 895

Critique

Devenue célèbre à la suite de la parution, en 1973, de son roman Fear of Flying (Le Complexe d’Icare, en français), œuvre dans laquelle l’autrice réfléchit sur la condition féminine au prisme de la rigidité des relations conjugales et de la place de la sexualité au sein des couples, Erica Jong devient l’une des porte-parole des mouvements féministes américains. Mais s’il est effectivement dit à l’intérieur du documentaire de Kaspar Kasics qu’Erica Jong ait inspiré la libération sexuelle des femmes, cette influence n’est cependant jamais montrée. Construisant son film à partir d’une volonté unique de dépeindre le portrait d’Erica Jong dans son quotidien le plus anecdotique, le cinéaste zurichois fait certainement le choix le plus inintéressant pour aborder la complexité de cette femme bien née, engagée, mais dont la pensée révèle surtout la vision individualiste et privilégiée de son engagement (Erica Jong possède la fâcheuse tendance à accaparer tous les mérites d’une libération pourtant produite par l’émulation d’une force collective et créatrice). On touche là à un autre manquement de ce documentaire : il ne dit rien de la réflexion qui fait l’originalité ou la singularité de la romancière (« Je ne voulais pas faire un film sur des livres » se défend avec maladresse le lors d’une rencontre au Cityclub de Pully), limitant ainsi son propos à la transmission de quelques informations banales et élémentaires sur la vie d’Erica Jong. Aussi, cette limitation nous renseigne sur un autre gros problème contenu dans ce documentaire : il se révèle complètement impersonnel ; la personnalité de Kaspar Kasics se dissolvant intégralement dans le narcissisme de l’artiste (en fin de compte, on ne comprend jamais vraiment ce que le réalisateur semble vouloir nous dire). Jamais ne sont interrogées l’origine sociale privilégiée d’Erica Jong (famille bourgeoise, parents intellectuels et artistes) ou sa vision hors-sol du féminisme qu’elle semble considérer uniquement en tant que moteur de créativité (Jong s’oppose fermement aux mouvements féministes qui croient à la nécessité de la violence dans l’action politique). En fin de compte, c’est avec l’étrange impression d’avoir visionné un film apolitique (qui ne nous apprend pas grand-chose, qui plus est) que nous sortons de la salle.

Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 7