Caravage

Affiche Caravage
Réalisé par Michele Placido
Titre original L'Ombra di Caravaggio
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique The Planetoids
Genre Biopic, Historique
Distributeur Xenix
Acteurs Isabelle Huppert, Louis Garrel, Riccardo Scamarcio
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 894

Critique

Fresque historique sur le célèbre peintre de la contre-réforme, Caravage est un film plaidoyer que Michele Placido tente de nous livrer. Figure d’artiste d’ombre et de lumière, à la fois brillant novateur et libre penseur belliqueux, le génie pictural et certains faits criminels qui le lient, incitent le cinéaste italien à revêtir la robe d’avocat de la défense. 

 

En 1610, condamné à la décapitation pour avoir tué Ranuccio Tomassoni (Brenno Placido) lors d’une violente bagarre durant une partie de jeu de paume, Michelangelo Merisi dit Le Caravage (Riccardo Scamarcio) est en exil et cherche à rentrer à Rome. Au cours des quatre ans hors de la ville papale, le peintre se réfugie d’abord à Naples, auprès de Costanza Sforza Colonna (Isabelle Huppert), et ensuite à Malte. Avec l’aide d’Alof de Wignacourt (Sebastiano Lo Monaco), grand maître de l’ordre, il reçoit la nouvelle tant attendue : le Saint-Siège est disposé à lui accorder sa grâce. Néanmoins, le pontife Paul V (Maurizio Donadoni) ordonne à l’inquisiteur, L’Ombre (Louis Garrel), d’enquêter sur ses mœurs dissolues et sur ses tableaux jugés trop distants des normes iconographiques établies par les conseillers théologiques.

Dans la séquence inaugurale, la scène de l’agression dans les bas-fonds de Naples, la surimpression de la tête blessée de Caravage et celle coupée de Goliath (détail de l’œuvre David, 1609-1610) annonce le caractère dramatique de son destin. Le visage biblique du Philistin, reconnu par l’historiographie comme étant un autoportrait de l’artiste, se mêle aux événements réels, démontrant ainsi que sa vie et son art sont indissociables. Michele Placido, acteur et réalisateur connu notamment pour la série La piovra et pour son film Romanzo criminale, est familier avec l’univers judiciaire. Bien que quelques scènes puissent s’apparenter à une aventure de cape et d’épée (superflues, par conséquent), il n’est pas étonnant que Caravage prenne la forme d’une investigation criminelle et d’une fresque historique. L’inquisiteur, unique personnage fictif, est l’ombre funeste qui poursuit Caravage. Il est également le fil conducteur narratif qui met en lumière l’existence et les chefs-d’œuvre du peintre lombard, au gré des rixes dans les ruelles obscures et des débats artistico-moraux à l’Accademia di San Luca. Au moyen d’incessantes et parfois redondantes analepses constituées du témoignage du cardinal Francesco Maria Del Monte (Michele Placido), du biographe Giovanni Baglione (Vinicio Marchioni) ou de la prostituée Lena Antognetti (Micaela Ramazotti), le réalisateur italien présente en clair-obscur les arguments de l’accusation et de la défense. 

De fait, construit didactiquement en tableaux vivants et en visite guidée immersive, le film nous livre les aspects novateurs de la conception caravagesque. Cette dernière consistant à un naturalisme transcendant, dans l’usage de l’ombre et de la lumière comme éléments signifiants de l’expérience mystique, et au rapprochement entre le divin et l’homme dans les représentations de l’historia sacra. Bien que le peintre ne fasse qu’appliquer l’observation directe du réel, prôner le paupérisme des franciscains et exprimer « les douleurs de l’humanité », Michele Placido nous fait comprendre que pour l’Église romaine le caractère blasphématoire de son art demeure dans l’attribution de la figure de la Vierge à des courtisanes et dans celle du martyr au petit peuple. Malheureusement, malgré une esthétique captivante, Caravage nous mène dans un tourbillon peu compréhensible de récits enchâssés, de sorte que notre attention se perd rapidement dans les méandres de l’histoire. Notre déception se porte également dans la faiblesse évidente des performances d’un Louis Garrel terne et d’une Isabelle Huppert peu crédible.

Kim Figuerola

Appréciations

Nom Notes
Kim Figuerola 15