Le pire voisin au monde

Affiche Le pire voisin au monde
Réalisé par Marc Forster
Titre original A Man called Otto
Pays de production USA
Année 2022
Durée
Musique Thomas Newman
Genre Comédie dramatique
Distributeur Sony Pictures
Acteurs Tom Hanks, Manuel Garcia-Rulfo, Marina Trevino, Truman Theodore Hanks, Rachel Keller
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 894

Critique

Otto est un vieil homme aigri pour qui la vie n’a plus grand sens depuis la mort de sa femme. Son état dépressif le pousse à vouloir se suicider et le rend particulièrement désagréable auprès de son voisinage. Le film est dès lors pour lui l’occasion de retrouver une certaine joie de vivre, et de réapprendre à interagir positivement avec les autres… 

 

L’exercice critique est quelque peu impuissant devant A Man called Otto, tant le film délaisse toute velléité artistique au profit de l’exécution scolaire d’une formule. Le film n’a en effet pas besoin d’être critiqué : son seul critère de réussite sera pour lui le bénéfice au box-office. Que dire donc ? Qu’écrire ? Que le film adopte une forme des plus banales et classiques ? Que le récit reconduit le désormais sclérosé processus de deuil, qui sera évidemment résorbé à sa toute fin ? Que certains personnages ne sont là que pour le pinkwashing – nous pensons évidemment au personnage de Malcolm, homme trans qui a le mérite d’être joué par un acteur trans (Mack Bayda), mais dont l’utilité scénaristique ne réside pratiquement que dans le vernis progressiste qu’il donne au film ?

Nous pouvons en effet écrire tout cela. Mais nous nous devons aussi d’avoir une certaine bienveillance et de faire de preuve d’indulgence, car il subsiste certaines scènes où le film fonctionne dans son registre – si académique que soit ce dernier. Notons par exemple les scènes de suicides ratés d’Otto. Leur force réside dans leur simplicité : ici aucun effet ne vient souligner l’aspect extraordinaire de l’acte, Forster filme au contraire la tentative de suicide comme un geste banal, en continuité avec tous les gestes banals qui émaillent le quotidien. De ce procédé en ressort des vrais effets d’humour noir, qui font décrocher des sourires sincères aux visages des spectateurs.

Le film parvient également à faire figurer sans lourdeur certaines problématiques sociales de la société américaine. Le récit de voisinage est par exemple l’occasion d’une franche dénonciation de la spéculation immobilière opérée par les promoteurs. Pour autant, le réalisateur ne fait jamais passer ce propos au moyen de dialogues qui seraient pompeusement revendicatifs, mais préfère en faire un véritable levier narratif et comique. Ainsi, A Man called Otto, s’il ne possède pas un immense intérêt artistique, parvient tout de même à ne pas être totalement antipathique en ayant le bon goût de privilégier la légèreté à l’emphase.

Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 10