Un petit frère

Affiche Un petit frère
Réalisé par Léonor Serraille
Titre original Un petit frère
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Thibault Deboaisne
Genre Drame
Distributeur cineworx
Acteurs Stéphane Bak, Annabelle Lengronne, Kenzo Sambin
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 894

Critique

Le second film de la réalisatrice française Léonor Serraille (après Jeune Femme en 2017) histoire de construction et déconstruction d’une famille des années 1980 jusqu’à nos jours séduit par son élégance et ses réflexions sur la manière dont nos actions découlent de notre héritage culturel, parfois bien malgré nous.

Rose quitte la Côte d’Ivoire accompagnée de ses deux fils, Jean et Ernest, pour s’installer à Paris. D’abord accueilli par des proches, le trio va tenter de trouver sa place dans ce nouveau pays. Étendue sur trois décennies, de la fin des années 80 à nos jours, l’histoire dépeint la lente dissolution des liens entre ces personnages pleins de justesse. Divisé en trois parties chacune consacrée à l’un des protagonistes, le récit de Léonor Serraille s’intéresse toutefois principalement au personnage de la mère et à l’influence que celle-ci exerce sur ses fils et sur la tournure que prendront leurs vies. Rose est montrée comme une femme à la recherche de liberté, guidée par ses envies et ses histoires amoureuses, mais, surtout, comme une femme forte. Très tôt dans le film, on la voit tenter d’inculquer cette force à ses enfants, leur apprenant que, en raison de leur statut d’immigrés, ils devront travailler encore plus et se montrer meilleurs que tous les autres. Le film va encore plus loin dans cette approche en opposant plusieurs fois les notions de paraître et d’être. Une séquence montre par exemple les trois personnages se dessiner des peintures de guerre sur le visage, à l’initiative de Rose, alors que cette dernière traverse une épreuve difficile. Plusieurs références sont également faites au Dormeur du val d’Arthur Rimbaud, poème décrivant un soldat semblant dormir, mais étant en réalité décédé. Si cette opposition semble à premier abord déconstruire l’idée exprimée par Rose, elle ne fait finalement que la renforcer : elle souligne le fait que les personnes issues de la migration doivent renier leur sensibilité et se construire une carapace pour survivre. Au travers de Jean et Ernest, Un petit frère aborde également le concept de déterminisme et la façon dont des destinées qui semblaient toutes tracées peuvent s’écrouler ou au contraire prendre une ampleur inattendue. Cette fresque familiale, jamais grandiloquente et souvent élégante, séduit par ses thématiques importantes et sa saveur douce-amère, sans pour autant s’imprimer dans la mémoire de manière durable.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 14