Le nid du tigre

Cherchant à sauver un bébé tigre, Balmani découvre le temple népalais appelé le « Nid du tigre ». Ce film d’aventure se veut destiné aux familles. Mais ce qu’on peut craindre se confirme : il ne prend pas les enfants au sérieux.

D’entrée cette superproduction, coûteuse pour le climat, est envahie par la musique qui caractérise son genre, plus hollywoodienne – ou bollywoodienne – qu’originale. La cour d’un orphelinat résonne des cris joyeux des petits Népalais. Balmani (Sunny Pewar), lui, est prostré. Il est arrivé là après qu’un tremblement de terre a tué sa mère, à Katmandou. Vivant de souvenirs le jour, de cauchemars la nuit, sans amis, insensible au soutien des responsables du lieu, il s’enfuit. Il tombe alors sur des contrebandiers qui viennent d’abattre un tigre femelle. Celle-ci laisse un petit qui va lui redonner du courage.

Visant un but éducatif, le film ne manque pas de thèmes (trop ?) à traiter en famille ou à l’école. À commencer par les animaux en voie de disparition, ici le tigre du Bengale. On y découvre aussi le Népal. Comme le temple Paro Taktsang (Le Nid du Tigre ), ou les populations autochtones telles que les chasseurs-cueilleurs, les éleveurs de yacks ou les chasseurs de miel. Les images sont magnifiques et peuvent constituer à elles seules la base de longues conversations.

Pourtant Le nid du tigre souffre de bons sentiments et de clichés. Il va trop vite, additionnant les péripéties au lieu d’en approfondir l’une ou l’autre. Tant de films pour enfants sont écrits par des adultes qui ont oublié leurs jeunes années ! On se persuade que tout doit être romancé pour la jeunesse et l’on accumule les improbabilités. Ainsi le parcours impensable accompli par l’adolescent. Ainsi le dressage instantané du jeune tigre. Ainsi la maison du garçon, quasi intacte malgré le séisme qui a tué la mère. Jusqu’à la jeune chasseuse-cueilleuse qui sert de traductrice entre les siens et Balmani, alors qu’elle n’est probablement jamais allée à l’école…

D’ailleurs, le moindre des défauts du film n’est pas la version française qui sera jouée dans les salles romandes. Le doublage est mauvais, les dialogues plats, prononcés sur un ton théâtral. Pourtant, malgré ce contexte, les communautés himalayennes que croise l’orphelin s’expriment dans leur dialecte… A-t-on voulu faire plus authentique ? Mais s’est-on préoccupé d’authenticité dans ce film ?

Le nid du tigre se présente donc avant tout comme un choix. Faut-il le voir pour profiter de ses thèmes tout en engageant une critique de ses défauts ? Ou y renoncer à cause de son invraisemblance ?