Godland

Affiche Godland
Réalisé par Hlynur Palmason
Titre original Vanskabte Land
Pays de production Danemark, Islande, France
Année 2022
Durée
Musique Alex Zhang Hungtai
Genre Drame
Distributeur City-Club de Pully
Acteurs Jakob Ulrik Lohmann, Elliott Crosset Hove, Engvar E. Sigurdsson, Victoria Carmen Sonne
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 894

Critique

Sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard, Godland est un drame métaphysique d’une beauté formelle à couper le souffle.

 

Au XIXsiècle, Lucas, un prêtre danois, est envoyé par ses supérieurs en Islande pour photographier l’île et ses habitants. Son séjour en terre inconnue se déroule en deux temps : il doit d’abord traverser une contrée immaculée et peu accueillante, puis s’installer quelques temps dans un petit village peuplé de Danois émigrés et d’Islandais, où une église est en pleine construction. Le voyage se transforme peu à peu une quête spirituelle qui met Lucas à rude épreuve.


Dès l’arrivée de l’homme d’église sur les côtes, un choc entre deux mondes se produit : il ne parle pas la langue des locaux, et ces derniers ne partagent pas sa foi. Les conflits se multiplient rapidement entre Lucas et Ragnar, son guide, un Islandais bourru qui ne croit pas en Dieu. Leur parcours à travers l’île, avec ses traversées de cours d’eau et de déserts volcaniques, se transforme en une lutte épuisante contre les éléments, à l’impact dévastateur sur la santé physique et psychique de l’ecclésiastique.


Dans cette première partie, le cinéaste parvient avant tout à installer une ambiance unique, en filmant en plans fixes ou en lents travellings latéraux les étendues de roches grises et les plaines vertes embrumées, apparaissant dans toute leur immensité désertique grâce à une importante profondeur de champ. Chaque paysage est d’une beauté captivante, mais inévitablement teintée de mystère, enveloppé par une bande originale aux sonorités inquiétantes.


Une fois arrivé au village, Lucas, exténué, verra sa foi à nouveau ébranlée par sa rencontre avec une jeune femme qui l’attire irrésistiblement et par la montée en lui d’une rage sourde dirigée contre ce lieu et ses habitants qui demeurent hostiles. Sublime et violence s’entrechoquent ainsi sans cesse dans la trajectoire du prêtre, qui ne parvient que difficilement à résister au péché.


Outre la trajectoire métaphysique de cet homme livré à lui-même, Godland narre l’incursion de la modernité, symbolisée par l’appareil photographique, au milieu d’une nature sauvage. Le film est inspiré de véritables images prises en Islande au XIXsiècle, à partir desquelles le cinéaste imagine un récit. De fait, tous les choix formels rappellent la photographie d’époque, du format quatre-tiers à la fixité du cadre en passant par la construction clinique des plans, faisant écho à la longueur de la pose photographique des premières années d’existence de ce dispositif. Le long métrage parvient avec brio à redonner vie à ces images historiques figées, en leur insufflant une durée et une aura nouvelles et proprement cinématographiques.

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 17