Glass Onion : à couteaux tirés

Affiche Glass Onion : à couteaux tirés
Réalisé par Rian Johnson
Titre original Glass Onion : A Knives Out Mystery
Pays de production USA
Année 2022
Durée
Musique Nathan Johnson
Genre Policier, Comédie
Distributeur Netflix
Acteurs Daniel Craig, Edward Norton, Kathryn Hahn, Janelle Monáe
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 893

Critique

Quoi de plus terrible que de représenter tout ce que l’on espère dénoncer? A l’image du Östlund nous vendant du Sans filtre pour se pavaner dans une condescendance bourgeoise, Rian Johnson (Looper, Star Wars - Les derniers Jedi) s’amuse de l’idiocratie moderne en érigeant la bêtise en trophée final.

Benoît Blanc est de retour au charbon (après le premier volet A couteaux tirés sorti en salles en 2019), et par un imbroglio scénaristique se retrouve invité sur l’île grecque d’un milliardaire de la tech’ Miles Bron. En plein COVID, Bron convie ses amis de toujours à picoler et bronzer, s’extirper des mortels confinés pour s’amuser et jouer. Jouer à une «Murder Party», mettant en scène sa fausse mort; il faudra alors trouver le meurtrier et son mobile. Blanc, l’invité surprise et inspecteur de renom mondial, résout l’énigme gamine en quelques minutes et clôture le factice pour faire pénétrer le film dans le réel: le meurtre, celui-ci bien authentique, d’un has-been en mal d’image, Duke Cody (Dave Bautista).

Daniel Craig (Benoît Blanc) en grand guignol à accent ne trouve jamais le ton juste, n'est pas drôle, se montre lourd et exténuant en mimiques. Il accompagne comme il peut les inlassables retournements scénaristiques d’un film qui éternise une idée simpliste: le plus riche est le plus idiot (Miles Bron), un voleur d’idée, une petite personne factice mimant son génie, et qui se révélera en roi des benêts. Jusqu’à en cramer la Joconde qui finira en flammes devant un parterre de convives heureux dêtre vengés pour la disparition d’un chef-d’œuvre de l’humanité. Elle est là la seule pensée de Johnson, ridiculiser les sous-fifres (ce gang d’amis intéressés) puis se farcir le grand chef dans un élan sadique.

Rian Johnson est ici complice de ce qu’il souhaite ridiculiser (le règne du pouvoir de l’image et de l’argent tout puissant), il semble vénérer ces personnages vénaux avec une connivence fatale au lieu de les attaquer frontalement, et les confronter à la vacuité de leur propre existence. Pire, on y retrouve une forme finale de vénération pour la réussite matérielle face à l’esprit: car si Miles Bron perd la Joconde, ses amis et sa villa de milliardaire, ses sculptures de verre brisées une à une par ses convives, n’est-ce pas finalement lui qui obtient gain de cause? Lui qui, malgré ses mensonges et le ridicule de son esprit, restera pour toujours dans l’éternité: la bêtise en grande gagnante de cette bien triste «Party» aux effluves d’oignons avariés.


Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 6