EO

Affiche EO
Réalisé par Jerzy Skolimowski
Titre original HI HAN
Pays de production Pologne, Italie
Année 2022
Durée
Musique Pawel Mykietyn
Genre Drame
Distributeur Frenetic
Acteurs Isabelle Huppert, Mateusz Kosciukiewicz, Sandra Drzymalska, Tomasz Organek
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 893

Critique

Prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes (2022), EO renvoie au long métrage tourné en 1966 par Robert Bresson, Au hasard Balthazar.

Dans son dernier film, le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski suit les pas d’un âne souvent isolé, exploité, en proie aux difficultés d’une existence pleine d’imprévus et qui vit dans un monde humain peu sympathique et agressif, à quelques exceptions près.

 

Chacun sera peut-être surpris par la place occupée par cet âne dans le film (il s’appelle EO dans la version française et HI HAN en version anglaise), mais le spectateur sera vite pris par une forme d’attachement pour cet animal, tant ses réactions semblent correspondre à ce que chacun peut bien sûr attendre de lui, mais aussi d’un être humain.…

EO est accompagné par une caméra très fidèle qui scrute ses yeux, son visage, son âme. On le découvre sur la scène d’un cirque, très attaché à une jeune artiste acrobate, mais son existence va partir dans d’autres directions moins sympathiques : séparé de la jeune femme qui lui manifestait beaucoup de tendresse il se met à la chercher partout, au-delà des montagnes et des frontières du pays, échappant à tout le monde. Une route qui sera longue, avec des obstacles quotidiens.

Confronté à la bêtise humaine, à la brutalité des gens et à la maltraitance de ses congénères, EO sera victime de violences, comme après un match de football (cf. les images semblables que l’on peut voir aujourd’hui dans des actualités TV…) ou lors de transferts de grands troupeaux qu’il s’agit de gérer. Élément révélateur d’un univers humain brutal, bruyant, motorisé, finalement pas très sympathique, EO ne renoncera jamais à son histoire d’amour et à sa recherche d’un monde meilleur.

Les qualités du film sont aussi – et surtout - à rechercher dans la forme et dans la manière dont l’histoire de cet âne nous est racontée.

On peut parler d’un long métrage inattendu, d’un film comme on n’en voit quasiment jamais, d’une manière nouvelle de faire intervenir des images inédites et très belles, des séquences parfois étranges ou poétiques, mélancoliques ou surréalistes. Il n’y a que très peu de dialogues, mais les tableaux sont très vivants et la caméra très souvent subjective, traduisant les états d’âme de l’âne, ses rêves, ses cauchemars ou son point de vue sur tel ou tel événement. Les couleurs sont inattendues et belles, le rouge permettant souvent de situer le degré d’onirisme des séquences, et la musique parfaitement adaptée permet de faciliter la compréhension du propos. Le film de Skolimowski (jeune réalisateur de 84 ans…) se présente, tant sur le plan du récit que sur le plan formel, comme une expérience cinématographique tout à fait originale et très réussie.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 18