Que les lumières soient

Affiche Que les lumières soient
Réalisé par Hansmartin Siegrist
Titre original Lichtspieler
Pays de production SUISSE
Année 2022
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Praesens-Film
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 892

Critique

Portrait du visionnaire François-Henri Lavanchy-Clarke (1848-1922).

Tout à la fois pionnier du cinéma et de la publicité en Suisse à la Belle Époque.

Un trésor d’archives, à savourer sans modération pour les amateurs d’Histoire(s). Il faut tout d’abord saluer la formidable recherche documentaire qui a rendu ce film possible. En particulier, les nombreuses images animées ou fixes, à partir desquelles il est construit. Ce qui le rend si captivant.

Il est également constitué d’entretiens face caméra avec des expert.e.s - historien.ne.s, archivistes ou encore chargée de conservation - qui apportent des éclairages variés.

La figure de Lavanchy-Clarke, et son parcours de vie en tant que self-made-man à l’américaine, et philanthrope le présente en homme de son temps et en précurseur. Tour à tour photographe, délégué de la Croix-Rouge et publicitaire, il réalisa dès les premiers temps de l’existence du matériel produit par les frères Lumière des prises de vue de part et d’autre de la Sarine. Il est également à l’origine de la mise sur pied du premier lieu de projection temporaire en Suisse en marge de l’exposition nationale de Genève en 1896 au sein de son «palais des fées».

L’attention portée à la matérialité des archives de cette période, que ce soit le support en verre des plaques photographiques, ou la problématique de la conservation des pellicules au nitrate est un choix à la fois original et très pertinent. Par ailleurs, la mise en question constante du rôle joué par la mise en scène dans des plans qui se veulent le reflet de scènes de la vie quotidienne est un fil rouge intéressant.

Malheureusement, l’esthétique et l’écriture du film auraient pu être plus soignées. La trame narrative tout d’abord. Suivant de manière linéaire la biographie de Lavanchy-Clarke, cette dernière se révèle assez peu efficace. Cette figure, si complexe et flamboyante, aurait mérité davantage qu’un récit hagiographique. Elle aurait pu être «dépliée» et révéler ainsi toute sa richesse, tel un objet historique dense du point de vue de l’histoire culturelle, mais aussi économique et technique.

Avec plus de mises en perspective, le film aurait pu être encore un peu plus le portrait, au-delà d’un seul homme, d’une époque de formidables avancées techniques. Ainsi que d’une première mondialisation qui prend brutalement fin avec la Grande Guerre. Mais aussi, des balbutiements de la publicité et du marketing. Autrement dit, d’une forme de rationalisation de la vente. À la suite de celle qu’a connue la production avec le taylorisme et la standardisation via le montage de pièces standardisées à la chaîne. Et pourtant, le réalisateur avait à portée de main deux chercheurs et conteurs passionnants: Roland Cosandey et Jakob Tanner.

Quant à la voix over, dont la monotonie et le ton très didactique évoquent une vidéo de musée, elle ne parvient pas à tenir le spectateur en haleine et échoue là où le ton décalé et mâtiné d’humour fonctionne si bien dans Lumière! L’aventure commence de Thierry Frémaux.

La présence récurrente de la marque de savon Sunlight dans les images de Lavanchy-Clarke aurait pu constituer en elle-même une forme de running gag savoureux, en plus de le présenter à nouveau comme un homme avant-gardiste, du placement produit cette fois.

Noémie Baume

Appréciations

Nom Notes
Noémie Baume 14