Nos soleils

Affiche Nos soleils
Réalisé par Carla Simón
Titre original ALCARRÀS
Pays de production ESPAGNE, ITALIE
Année 2022
Durée
Musique Andrea Koch
Genre Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Jordi Pujol Dolcet, Xenia Roset, Albert Bosch
Age légal 6 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 892

Critique

Lauréat de l’Ours d’or à la Berlinale 2022, Nos soleils présente un exemple de la lente disparition du milieu paysan au profit de la technologie. Porté par un casting non professionnel impeccable, le film est également un portrait familial touchant.

La grande famille Solé vit à Alcarràs, petit village catalan, où elle cultive des pêches depuis la guerre civile espagnole. En effet, pour les remercier de les avoir cachés chez eux durant le conflit, leurs riches voisins, les Pinyol, leur avaient légué une partie de leurs terres. L’époque étant différente, aucun papier l’attestant n’avait toutefois été signé. Lorsqu’une nouvelle génération de Pinyol décide de vendre les terrains en question pour construire des panneaux solaires, les Solé vont se déchirer, entre refus d’obtempérer et envie de coopérer.

Le film s’ouvre sur une séquence montrant les enfants Solé jouer dans une voiture abandonnée, s’inventant des histoires de vaisseaux spatiaux mis en danger par leur trop grande proximité avec le soleil. Malheureusement, ce jeu est vite interrompu par un tracteur venu débarrasser le terrain de l’épave afin de le préparer à l’installation des panneaux photovoltaïques. Cette séquence peut bien entendu être mise en parallèle avec la situation des Solé, signifiant que la vente de leurs terres vient en quelque sorte briser leur existence bucolique, qui loin d’être idyllique (le père souffre constamment de maux de dos dus à la récolte, par exemple), est présentée comme plutôt douce. Le progrès technologique, pourtant souvent vu comme positif (les panneaux solaires sont considérés comme une solution d’avenir), endosse ici le rôle du méchant, détruisant les traditions et un certain mode de vie pastoral. Contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre, l’histoire ne tourne pas autour de la question de savoir si les protagonistes pourront sauver leur ferme ou non, leur destin est scellé dès le début. La réalisation manque donc d’une certaine tension narrative, et prend la forme d’un portrait d’une famille, et surtout d’un milieu rural en train de disparaître.

Le gros point fort du film réside donc dans ses personnages, tous authentiques et interprétés par des acteurs non professionnels très naturels. Participant à ce naturalisme, les liens familiaux ne sont pas clairement explicités, laissant le soin aux spectatrices et spectateurs de deviner où chacun se situe dans l’arbre généalogique au détour de dialogues et interactions. Si une certaine confusion peut parfois en résulter, cela donne aussi l’impression de faire partie de cette famille. Il est par ailleurs intéressant de voir que, si tous les membres sont plus ou moins attachés à leurs terres, chacun réagit de manière différente et incarne un «type». Nous avons par exemple la sœur qui a déménagé en ville et est considérée comme ayant renié ses racines, le beau-frère qui a moins de problèmes à vouloir s’associer à Pinyol, le jeune fils déchiré entre son désir d’aider son père et celui de s’émanciper, etc. Avec sa galerie de personnages attachants et sa peinture du milieu paysan empreinte de nostalgie, Nos soleils n’est pas le film le plus frénétique de l’année, mais il saura faire vibrer notre corde sensible.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 14