L’Immensità

Affiche L’Immensità
Réalisé par Emanuele Crialese
Titre original L’Immensità
Pays de production ITALIE, FRANCE
Année 2021
Durée
Musique Rauelsson
Genre Drame
Distributeur Pathé Films
Acteurs Penélope Cruz, Vincenzo Amato, Luana Giuliani
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 892

Critique

Emanuele Crialese ne craint pas les situations difficiles. Son nouveau film, sensible et généreux, dit la difficulté d’être soi-même, entre ambiguïté sexuelle et difficultés familiales.

Le réalisateur italien parlait déjà de sa mère dans Respiro (2003). Celle de L’Immensità (Penélope Cruz) ne souffre pas d’une maladie psychique, mais de la relation qu’elle tente de partager avec son mari (Vincenzo Amato). Ce film est le portrait d’une famille romaine aisée, parents et trois enfants, coincée par des conventions patriarcales toujours présentes dans l’Italie des années 1970.

Le point de vue est celui de la fille aînée, Adri (Luana Giuliani), consciente de ce qui déchire ses parents, consciente aussi de ce qu’elle est, mais refuse d’être - elle crie à son frère qu’elle veut être un garçon. Adolescente, Adri observe chez les adultes ce qui explique sa propre personnalité. Elle est le personnage principal du film, autant que sa mère fantasque qui essaie tant bien que mal de donner le change.

«L’Immensità est un film que je poursuis depuis toujours: il a toujours été ‘mon prochain film’, mais à chaque fois, il cédait sa place à une autre histoire, comme si je n’avais pas encore la maturité nécessaire pour me sentir prêt.» Le réalisateur considère que c’est son film le plus personnel, un film inspiré par ses souvenirs et ses impressions, par sa propre expérience qu’il a retravaillée à travers sa façon de considérer la vie aujourd’hui. Ce duo mère-Adri serait-il semblable aujourd’hui? Elles seraient sûrement les mêmes, bien que le milieu ait beaucoup changé. C’est ce qu’analyse Crialese: dans quelle mesure les caractères sont-ils marqués par leur environnement, dans quelle mesure conservent-ils leur spécificité, dans quelle mesure la vie aide-t-elle chacun à être et à devenir ce qu’il est? Il y a beaucoup de sensibilité dans ces questions; tout autant dans les réponses qui ne s’affirment jamais, limitées par les non-dits ou le hors-champ.

Les quelques longueurs du scénario, son petit côté mélo abandonné à Penélope Cruz, les séquences de music-hall insérées dans la mise en scène trahissent la difficulté de traiter ce sujet. Mais la poésie de la réalisation peut compenser le risque de vacuité; en particulier dans les prises de vue en plongée et contre-plongée que semble affectionner le réalisateur.

Dans Golden Door (2007), par exemple, il y a ce plan magistral d’une foule compacte qui soudain se coupe en deux, l’une à bord d’un navire transatlantique se détachant lentement de l’autre restée à quai. Dans L’Immensità, c’est presque un exutoire pour les enfants que d’observer au-dessus d’eux les corniches baroques des immeubles. Et ça l’est réellement lorsqu’on les voit depuis la rue, jeter leurs blouses de travail par les fenêtres. La tristesse n’éteint jamais complètement l’enfance…

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12