Babylon

Affiche Babylon
Réalisé par Damien Chazelle
Titre original Babylon
Pays de production USA
Année 2021
Durée
Musique Justin Hurwitz
Genre Comédie, Drame historique
Distributeur Warner Bros.
Acteurs Brad Pitt, Jean Smart, Margot Robbie, Jovan Adepo, Luca Calva, Li Jun Li
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 892

Critique

Épopée-fleuve sur la transition du cinéma muet au cinéma parlant dans les années 1920 en Amérique, Babylon a l’ambition de nous parler de l’histoire totale du 7e art - voire son essence! Grotesque, ultra-violent, pornographique et surtout désordonné, le film de Damien Chazelle fait passer le temps plus qu’il ne le suspend.

Hollywood durant les Années folles. Le cinéma muet vit ses dernières heures de gloire. Alors que de nouvelles stars comme l’émigré mexicain Manny (Diego Calva) et l’apprentie actrice Nellie (Margot Robbie) voient le jour, d’autres sont sur le point de s’éteindre, à l’image du vieillissant Jack Conrad (Brad Pitt), incapable de s’adapter aux progrès technologiques. Si Manny grimpe les échelons et s’intègre à la haute société de Los Angeles, Nellie, elle, sombre dans la drogue et les excès au dam de sa carrière. Autour d’eux gravite une ribambelle de personnages fantasques qui doivent affronter les vicissitudes des révolutions culturelles.

Derrière ses airs extravagants et prétentieux, Babylon peine à dissimuler la trame par trop rabâchée d’une ascension vers la gloire qui finit en chute aux Enfers. De surcroît, alors que Chazelle cite explicitement Singin’ In The Rain de Stanley Donen qui traitait déjà de la même thématique, la vision qu’il offre de Hollywood est celle d’un cloître de débauches, d’orgies de sexe, de drogues et de sang où la vie humaine et la vision artistique sont dédaignées. L’industrie n’est pas une machine, mais une tribu cannibale qui ne récompense pas ni le dur labeur, ni le talent. Difficile alors de prendre au sérieux le final psychédélique où Manny entrevoit le futur du cinéma (jusqu’à Avatar de James Cameron…) et l’accueille avec un sourire satisfait. Après trois heures de saynètes inutilement grotesques et disjointes, le cinéaste décide soudain de recentrer son propos sur la relation entre art, technologie et société pour nous montrer que si le cinéma a été la nouvelle Babylone, il est devenu une tour de Babel. De manière un peu prétentieuse, cela dit.

Et pourtant, Chazelle avait livré avec Whiplash (2014) un drame psychologique dense et sobre sur les sacrifices pour son art d’un batteur de jazz. Aucune esbroufe, aucun discours manichéen, presque aucun excès de mise en scène. Le film se terminait abruptement sur un solo de batterie fulgurant, dont on ne savait pas quoi penser: le batteur était-il devenu un monstre, ou un génie? Dans Babylon, Chazelle donne à nouveau une place prépondérante à la musique, à travers notamment le rôle secondaire de Sydney Palmer (Jovan Adepo), trompettiste afro-américain. Le cinéaste réussit dans ces moments où il se retient et fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir, filmer la passion de ses personnages.

La magie du cinéma, comme le dit la journaliste Elinor (Jean Smart) est que les figures immortalisées sur la pellicule vivront l’éternité grâce au regard des générations à venir. Ces visages d’une époque lointaine sont pourtant proches de nous, comme de vieux amis. Mais gageons-nous à douter que cette Babylone reste dans, elle, dans les mémoires.

Anthony Bekirov

Appréciations

Nom Notes
Anthony Bekirov 10