Fièvre Méditerranéenne

Affiche Fièvre Méditerranéenne
Réalisé par Maha Haj
Titre original Mediterranean Fever
Pays de production Palestine, France, Allemagne, Chypre, Qatar
Année 2022
Durée
Genre Drame
Distributeur First Hand Films
Acteurs Amer Hlehel, Shaden Kanboura, Ashraf Farah, Anat Hadid
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 891

Critique

Traitant de dépression en contexte politique intense, profondément inspiré de l’œuvre du cinéaste iranien Abbas Kiarostami (Le Goût de la cerise, Le vent nous emportera, Trilogie de Koker), Mediterannean Fever offre un regard sur la société et ses tabous avec peut-être plus de légèreté que son équivalent iranien. Moins opaque, plus drôle et peut-être un petit peu moins marquant.

Le récit se déroule à Haïfa, en Israël. Cette ville côtière située à l’extrême orient de la méditerranée, où la réalisatrice a fait par ailleurs ses études, est la ville principale du nord du pays. Elle abrite une importante population arabe palestinienne. Nous y suivons l’histoire de Waleed (Amer Hlehel), un palestinien. Complètement déprimé, chacune de ses tâches quotidiennes est un calvaire existentiel et sa vie de famille, surtout sa relation avec sa femme Ola (Anat Hadid), en pâtit évidemment. Son seul refuge : une idée d’écrire un roman, mais la voilà perturbée par l’arrivée du bruyant nouveau voisin, Jalal (Ashraf Farah). Ce dernier est son total opposé : excentrique, charmant, il est également désintéressé de la politique, alors que pourtant également d’origine arabe. S’instaure alors un régime de fascination et de jalousie de la part de Waleed. Appuyé par la sympathie qu’éprouve Ola envers le nouveau venu, Jalal va même confronter Waleed dans son intimité et à sa propre construction de la masculinité. En effet, Jalal incarne en quelques sortes l’homme idéal. Il est beau, travaille et est aimé par sa femme. Mais alors qu’au centre de l’attention, en se la coulant douce pendant sa pendaison de crémaillère où sont entre autres invités Waleed et sa famille, deux individus, visiblement des malfrats, interrompent cette image idyllique. Prenant l’hôte de côté pour le rappeler à l’ordre, une histoire de dettes non payées, Jalal, même s’il essaye de sauver ses apparences, est véritablement humilié et c’est précisément à cause de cela qu’il attire enfin l’intérêt de Waleed qui cherche désormais à tout prix à le fréquenter et à en savoir plus, prétextant faire des recherches pour son roman.

Ce rapprochement opéré par ce changement de paradigme permet alors de mettre les deux hommes sur un niveau de réflexions égales. Voyant que Jalal est lui aussi un homme troublé, même s’il a visiblement de la peine à avouer ses faiblesses, une complicité et même une amitié peuvent se construire peu à peu et les deux hommes peuvent devenir de plus en plus honnêtes. À ce niveau de réflexion plus philosophique, existentiel, se posent alors de nouvelles interrogations. Quel est le prix de l’honnêteté, quand est-ce qu’un homme est lâche ? Faut-il vraiment tout se dire ? Peut-on tout demander ? Le rapprochement avec le cinéma d’Abbas Kiarostami est alors évident. Si ces réflexions banales sont intéressantes, faute au contexte politique, nous nous réjouissons de l’opportunité qu’offre ce film à nous renseigner sur ce qu’il se passe en dehors de l’Occident. Cela suffit-il pour en faire un bon film ? Nous n’en sommes pas sûrs. La composition des plans est plutôt banale, les dialogues saupoudrés de pointe d’humour nous font sourire du coin de la bouche, mais jamais véritablement rire, quant aux réflexions géopolitiques et plus encore philosophiques, elles nous semblent pertinentes, mais restent malheureusement trop en surface.

Ani Gabrielyan

Appréciations

Nom Notes
Ani Gabrielyan 12