Los reyes del mundo

Vu au festival FILMAR EN AMÉRICA LATINA                                   

« En el mundo perfecto, lo que no quiera, no existe» (Dans un monde parfait, ce que vous ne voulez pas n’existe pas). Cinq adolescents des rues de Medellin quittent la ville avec l’espoir de trouver une terre promise, plus égalitaire, mais le chemin est long et semé d’embûches. 

Après Matar a Jesus (2018), salué par la critique notamment pour son intensité, Laura Mora Ortega revient avec un second opus qui se veut plus frais et poétique. Pourtant récompensé dans les festivals de San Sebastian (Concha de Oro), à Chicago, en passant par Zurich (meilleur film), et plein de bonnes intentions, il pêche par des problèmes de rythme. Le temps du récit y est alternativement rapide, ou bien plus lent. Ce qui produit des ruptures impromptues, et peu utiles, dans la trame narrative linéaire.

On se retrouve successivement face à des séquences relevant du cinéma réaliste, ou de la fable onirique. Ce mélange des genres qui ne prend pas toujours, risque de laisser le spectateur en dehors du film, au caractère par ailleurs plutôt atmosphérique, et immersif.

Quant à l’aspect roadtrip, si le huis clos mobile, et la dynamique entre les cinq adolescents fonctionnent bien, soutenu par la justesse du jeu des acteurs, le paysage, et les personnages secondaires semblent défiler en arrière-plan sans vraiment participer de cette quête collective.

Enfin, la séquence finale contenant de manière imbriquée deux épilogues successifs – ce qui relève d’un stratagème assez courant dans le cinéma latino contemporain – peine à convaincre. Très symbolique, et évoque le réalisme magique, elle tranche nettement sur le plan formel avec le reste du film, et saura probablement toucher, et donner à réfléchir, à ceux qui adhèrent à ce choix d’écriture radical.

Ce voyage initiatique vers un monde plus égalitaire et juste, à défaut de laisser au spectateur un souvenir impérissable, lui fera probablement passer un bon moment, placé sous le signe de l’amitié.