Maestro(s)

Affiche Maestro(s)
Réalisé par Bruno Chiche
Titre original Maestro(s)
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Florencia Di Concilio
Genre Drame
Distributeur Pathé Films
Acteurs Yvan Attal, Pascale Arbillot, Pierre Arditi, Miou-Miou, Caroline Anglade, Nils Othenin-Girard
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 891

Critique

Maestro(s) décrit la relation père-fils de deux chefs d’orchestre consacrés qui, c’est le cas de le dire, ne s’entendent pas.

                                   

François Dumar (Pierre Arditi) est autoritaire, visiblement imbu de lui-même (on le voit, lorsque de manière exigeante et sèche, il reprend son orchestre et lui hurle dessus parce qu’un téléphone sonne pendant la répétition - avant de constater qu’il s’agit en réalité de son téléphone); et, pour une raison qui n’est pas envisageable ni compréhensible par les gens (et par les spectateurs) qui le félicitent pour le talent de son fils, terriblement aigri par la réussite de ce dernier - Denis Dumar (Yvan Attal) - qui vient de gagner une nouvelle Victoire de la musique classique. Denis, quant à lui, est bien plus agréable, pourvu d’une forme d’humour autodérisoire qui apparaîtrait presque comme de la modestie. Mais on lui reproche de ne pas être franc avec les siens (et en particulier avec son père), c’est-à-dire de ne pas être en mesure de dire les choses en face: après tout, se dit-on, son terrain privilégié d’expression c’est la musique. Voici pour la situation initiale qui occupe presque un tiers du film. La complication va venir d’un appel raté: François Dumar est contacté pour diriger la Scala de Milan - c’était le coup de téléphone du début, qui le dispensait de s’excuser auprès de son orchestre - alors que c’est Denis Dumar qui a été choisi. Une erreur de la secrétaire. Évidemment, si cette erreur était corrigée par l’émettrice, on éviterait la situation de crise qui occupe le deuxième tiers du film (et qui se résout dans le dernier tiers), mais comme c’est Denis qui est chargé d’expliquer l’affaire à son père, le film se poursuit. Assez invraisemblable selon nous.

                   

Le duo Pierre Arditi et Yvan Attal est pourtant très efficace; et isolément, les deux acteurs incarnent de manière très convaincante leur personnage dans des registres charismatiques complémentaires. Les autres personnages essentiellement féminins (Miou- Miou, Pascale Arbillot, Caroline Anglade) sont hélas périphériques puisqu’elles servent de satellites ou de spectatrices (parfois de pseudo-médiatrices) à ce combat d’ego(s). Mais

                   

en revanche, le scénario est non seulement trop linéaire et lisse et encore pire, un peu incohérent. Ainsi, vraiment, on comprend mal pourquoi le directeur de la Scala de Milan ne peut pas lui-même résoudre son erreur (de secrétaire), et par ailleurs, on voit mal pourquoi les deux personnages principaux se déchirent pour cette raison-là - une erreur administrative - qui sert donc de prétexte ayant l’allure d’un deus ex machina à un conflit qui pourrait trouver sa source dans la psychologie des personnages et leurs ambitions. Mais là aussi,
le bât blesse, car en dehors des éléments de cette psychologie qui nous sont montrés en début de film, on comprend en réalité mal ce qui anime véritablement le ressentiment du père et la lâcheté du fils: les faits sont imposés au public de manière statique. Et c’est la même chose pour le dénouement de l’intrigue, surprenant comme le qualifient eux-mêmes les personnages, mais qui n’est, là aussi, pas amené et au risque de toute vraisemblance. Si on peut tout de même souligner que la relation entre Denis et son fils (Nils Othenin-Girard) (donc petit-fils de François) est assez touchante et que les moments de musique sont agréables, le film repose essentiellement sur le jeu d’excellents acteurs bien plus que sur l’écriture d’une intrigue peu en phase, nous semble-t-il, avec le potentiel de son sujet.

                                   

    

Jonas Pont

Appréciations

Nom Notes
Jonas Pont 10