Violent Night

Affiche Violent Night
Réalisé par Tommy Wirkola
Titre original Violent Night
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Dominic Lewis
Genre Action, Thriller
Distributeur Universal Pictures
Acteurs John Leguizamo, David Harbour, Alex Hassell, Alexis Louder, Leah Brady, Beverly D'Angelo
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 890

Critique

La veille de Noël, une famille ultra bourgeoise se retrouve attaquée par un groupe de mercenaires. Si le film s’avère sanglant, il n’est pourtant pas très rouge. Malgré des scènes d’action réussies, le parfait set up du Grand Soir n’aboutit sur pas grand-chose si ce n’est une amère déception.

Jason Lightstone (Alex Hassell) convainc sa femme Linda Matthews (Alexis Louder), avec qui l’on comprend qu’il est en froid, de rejoindre sa famille pour fêter le réveillon avec leur fille Trudy (Leah Brady). En parallèle, le père Noël (David Harbour), le vrai, complètement déprimé face à un monde consumériste, ou disons-le capitaliste, se saoule dans un bar en vue de sa soirée de rude labeur. La famille se retrouve dans le manoir de leur extrêmement riche grand-mère Gertrude (Beverly D’Angelo) avec leur tante, oncle et cousin ainsi que leurs domestiques. Ces derniers s’avèrent être des bandits qui avec leur leader Scroodge (John Leguizamo) vont prendre d’assaut le manoir afin d’en dérober l’argent bien sale qui s’y cache. Face à cet argument référençant directement via Scroodge le grand critique de la haute société Charles Dickens, difficile de ne pas faire de lien avec le couronné de succès Parasite (Bong Joon-ho, 2019), autre comédie noire qui met en scène une famille pour thématiser la lutte des classes. Plus encore, Violent Night thématise même des conflits raciaux puisque Linda est noire et Scroodge hispanique. La famille bourgeoise de ce film s’appelle même Lightstone, jeu de mots avec light tone, teint clair. Sauf qu’en fait, Violent Night n’en fait rien. Nous avons affaire à un pur cas de red-baiting.

Le red-baiting est utilisé ici non pas au sens historique, mais par analogie à l’utilisation contemporaine du mot queerbaiting qui qualifie les œuvres culturelles s’appropriant des codes de représentation LGBT+ pour attirer une audience queer, mais en fait ne représenter pas réellement cette communauté. Il nous semble important de parler de red-baiting car les mécanismes nous semblent similaires. Violent Night sème toutes les graines d’un film retournant, mais nous tourmente paradoxalement avec une fable morale sur la famille et l’amour. Ce constat est d’autant plus frustrant face à la qualité des acteurs qui nous livrent une performance savoureuse et des scènes d’actions habilement chorégraphiées et filmées, une rareté qu’il faut soulignée, par des plans très longs. Cette maîtrise de ce type de scènes n’est pas étonnante lorsque l’on sait que se cache derrière 87North Productions, l’entreprise qui coproduit le film, David Leitch, le réalisateur de John Wick (2014). Mais John Wick réussit précisément ce à quoi Violent Night échoue, son prétexte narratif tient la route: une curieuse histoire d’un homme se lançant dans une tuerie sanguinaire pour venger la mort de son chien. Elle tient de par son absurdité sans doute et surtout son absence de développement, qui aurait risqué de tomber dans le genre mélodramatique que ces réalisateurs maîtrisent visiblement mal. Cette histoire est bien plus satisfaisante que celle de la jeune Trudy voulant que ses parents se réconcilient; et surtout l’antagonisme entre Scroodge, dont les origines prolétaires sont évoquées, et le père Noël qui, avec sa liste de bonnes et mauvaises personnes, ne semble pourtant se rendre compte qu’il est en train de défendre l’antre du mal, cette famille dont plus de la moitié des membres sont complètement corrompus par l’argent.

Ani Gabrielyan

Appréciations

Nom Notes
Ani Gabrielyan 7