Pinocchio par Guillermo del Toro

Affiche Pinocchio par Guillermo del Toro
Réalisé par Guillermo del Toro, Mark Gustafson
Titre original Guillermo Del Toro's Pinocchio
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Alexandre Desplat
Genre Animation, Fantastique, Comédie musicale
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Cate Blanchett, Ewan McGregor, Ron Perlman, Christoph Waltz, Finn Wolfhard, Gregory Mann
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 890

Critique

Guillermo del Toro s’associe au scénariste Patrick McHale (Adventure Time) et à l’animateur Mark Gustafson (The PJs) pour transposer le célébrissime conte de Carlo Collodi en animation stop-motion et dans l’Italie mussolinienne. On nous avait promis une relecture sombre et gothique ; le résultat est mièvre et attendu. Une déception.


Vous n’avez pas besoin de moi pour connaître l’histoire de Pinocchio, le pantin de bois qui est doué de vie. Passons donc directement à la relecture qu’en propose Guillermo del Toro. Ce dernier s’était lancé dans ce projet en 2008, en collaboration avec la Jim Henson Company (qui est derrière le Muppet Show) et Pathé, avec une sortie prévue en 2013. Mais en 2012, la production s’est soudain arrêtée sans trop d’explications. Le scénariste Patrick MacHale a tenté de la relancer en 2017, mais aucun studio ne souhaitait financer les coûts élevés de l’animation en stop-motion. C’est finalement Netflix qui sauva le projet, en en acquérant les droits. Ceci explique peut-être pourquoi le scénario et le casting ressemblent tant à Nightmare Alley, le précédent film de del Toro, qu’il a sans doute fait « en attendant ».


Contrairement au livre original paru en 1883 l’adaptation de Walt Disney de 1940, la version de del Toro est transposée dans l’Italie fasciste de Mussolini. Ce n’est pas la première fois que le cinéaste mexicain met en scène le totalitarisme de la Seconde Guerre : Le Labyrinthe de Pan (2006) se déroulait déjà dans l’Espagne de Franco. Il met ainsi en contraste un pantin qui choisit d’être humain dans une société d’humains qui préfèrent être des pantins. Il emprunte plusieurs éléments au Frankenstein de Shelley, un autre type de pantin en décalage avec son monde. Tout était donc réuni pour une version adulte du conte.


Mais la volonté, étonnante, qu’a eue del Toro de faire un film pour enfants – ce avec quoi les régulateurs helvétiques des âges ne semblent guère d’accord – tout en y infusant des éléments gothiques aboutit mal. Les idées les plus intéressantes – Pinocchio est un être immortel qui peut voyager dans le temps – sont sous-exploitées et évincées au profit de poncifs chrétiens du cinéma pour familles américaines. Au final, del Toro ne s’éloigne pas vraiment de la version de Disney. Ce qui sauve ces 2 heures de télévangélisme, c’est la qualité exceptionnelle de l’animation, peut-être l’une des meilleures choses vues en stop-motion – mais qui vient elle aussi être gâchée par une mer en laides images de synthèse.

Anthony Bekirov

Appréciations

Nom Notes
Anthony Bekirov 11