Les Amandiers

Affiche Les Amandiers
Réalisé par Valeria Bruni Tedeschi
Titre original Les Amandiers
Pays de production France
Année 2022
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur Sister Distribution
Acteurs Louis Garrel, Micha Lescot, Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Clara Bretheau, Noham Edje
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 889

Critique

Avec son cinquième long métrage, présenté en Sélection officielle au Festival de Cannes, ce film, personnel et mêlé d’intimité, complète l’autoportrait d’une femme attachante.

Cette fois, la réalisatrice se souvient de ses années décisives de formation au Théâtre des Amandiers de Nanterre, sous la direction de Patrice Chéreau (Louis Garrel, impeccable), tout en évoquant ses débuts d’actrice à Nanterre en compagnie de jeunes confrères et consœurs nommés Vincent Perez, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui, Eva Ionesco ou Marianne Denicourt.

Rêvant d’incarner les plus grands rôles sur les planches, ces jeunes comédiens de 20 ans intègrent l’école du théâtre, dirigée par Pierre Romans (Micha Lescot), le bras droit du metteur en scène. Mais en ce lieu mythique, loin de tout académisme, sorte de Conservatoire où l’on ose tout comme lors d’un essai sur La P… respecteuse de Sartre, ils devront composer avec les humeurs imprévisibles du «mentor», avec les inévitables frustrations suscitées par le métier d’acteur et avec les aléas et les drames de leur vie de jeunes adultes, soumis aux réalités violentes de ces années 1980 où le sida fait des ravages.

Aux Amandiers, l’inconnue Valeria, rebaptisée ici Stella, apprendra à connaître le mystérieux Patrice Chéreau, un gourou à la fois impressionnant et grotesque qui carbure à la coke, obéit à ses humeurs capricieuses et règne sur un empire où toute histoire prend les allures de mythe. L’héroïne (incarnée par Nadia Tereszkiewicz, convaincante à l’instar de tous les jeunes comédiens du film) connaîtra également une passion essentielle et toxique avec Étienne (Sofiane Bennacer), un beau garçon ténébreux, prisonnier de ses instincts autodestructeurs et des drogues dures.

Cette (auto)fiction débordant d’énergie vante l’esprit de groupe et dresse le portrait amoureux de personnages enivrés par leurs désirs pluriels. Avec bonheur, la réalisatrice y refuse la solennité, mais ne fait pas mystère de la mélancolie et de la douleur qui étreignent plus d’une fois ses apprentis acteurs. En filmant ses héros juvéniles qui, sur scène, interprètent «Platonov» de Tchekhov et, dans leur existence, se brûlent de trop vouloir aimer, la cinéaste met en scène une troupe électrique qui, sans forcément en être consciente, entame son passage à l’âge adulte. Toutes et tous vivent dans l’instant, hier pas plus que demain ne comptent lorsque les jeux passionnés de l’amour et la scène se confondent. Et peut-être bien que c’est cela qui rend Les Amandiers si actuel.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15