Ile aux fleurs (L')

Affiche Ile aux fleurs (L')
Réalisé par Song Il-Gon
Pays de production
Année 2001
Genre Divers
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 434

Critique

"Petit chef-d'œuvre autant par sa forme que par son contenu, Kotsom rejoint par-delà les races, les cultures et les croyances, les questions les plus profondes de chaque destinée humaine. Dans nos parcours terrestres, l'antidote à la souffrance s'appelle ""solidarité"".

Song Il-Gon est un réalisateur coréen, diplômé à la fois dans son pays et en Pologne où il a poursuivi ses études: ""La première chose que j'ai découverte lorsque je suis devenu un adulte, c'étaient mes blessures et celles des personnes autour de moi. C'était comme si ces blessures n'étaient pas guérissables. C'est pourquoi j'ai commencé à faire des films. Kotsom évoque les moyens et les chemins que nous pouvons utiliser pour guérir nos âmes blessées"".

L'ILE AU FLEURS commence par l'exposé sans complaisance et presque insoutenable des situations de trois femmes. Ok-Nam se prostitue pour offrir un piano à sa fille: le vieil homme qui l'étreint meurt sur elle d'une crise cardiaque; au commissariat, le mari d'Ok-Nam découvre la vérité et demande à sa femme de rester pour un temps éloignée de la maison. Hye-Na est enceinte: elle décide de mettre un terme à sa grossesse dans des toilettes publiques (cette séquence est la plus dure du film). Puis elle part à la recherche de sa mère qu'elle n'a jamais connue. Yoo-Jin, atteinte d'un cancer avancé, doit immédiatement entrer à l'hôpital pour se faire ôter la langue, seule issue pour rester en vie. Elle quitte la ville en voiture, et, dans la montagne, décide de mettre un terme à ses jours. Le hasard rassemble ces trois femmes dans ce paysage grandiose et enneigé. Puis Ok-Nam parvient à convaincre ses deux compagnes de rejoindre l'Ile aux fleurs qui, dit-on, guérit malheurs, soucis et maladies.

Beaucoup d'originalité et de beauté dans la forme de ce film splendide. La plus jeune des protagonistes utilise une petite caméra digitale pour capter quelques moments intenses de ce voyage autant intérieur que réel. Le réalisateur introduit ces petites séquences dans le récit comme autant de ruptures intimistes, incisions profondes et éphémères tout à la fois qui donnent à l'ensemble une étonnante vitalité.

Ce qui touche le plus, c'est la justesse dans l'évocation de la souffrance humaine. Le spectateur est invité non pas à la voir comme quelque chose d'extérieur, appartenant (heureusement!) aux autres, mais bien plus à compatir en se tournant paisiblement vers ses propres blessures, à les reconnaître, à les toucher. Ce qui émeut encore davantage, c'est la description minutieuse de l'antidote universel: la solidarité, la chaleur fraternelle. Malgré les détresses profondes, Kotsom ne recherche pas de fautifs ou de boucs émissaires. Il s'agit d'une quête, au-delà des races et des religions, au-delà des souffrances et des détresses. Quel est donc le sens de la vie? Pourquoi faut-il souffrir? Pour quoi faut-il mourir? Et dans cette quête, commune à tous les humains, les autres sont des aides précieuses, indispensables, des baumes efficaces.

La plus jeune des trois femmes n'emmène que peu de bagages: sa caméra digitale et - soigneusement pliées - une paire d'ailes magnifiques qu'elle déploie par deux fois. Sans doute les deux sommets du film: la plus grande douleur et le plus intense bonheur."

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