Ma vie est un défi

Affiche Ma vie est un défi
Réalisé par Stephan Rytz
Titre original Ma vie est un défi
Pays de production SUISSE
Année 2019
Durée
Musique Gabin Ferra
Genre Documentaire
Distributeur DNA Films
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 889

Critique

Dans les rues d’une petite ville romande, Yves Auberson marche. Il a 50 ans, et ne peut contrôler une grande agitation musculaire et corporelle due à la maladie de Parkinson qui lui a été diagnostiquée quand il en avait 35. Mais Yves a un rêve, un défi qu’il se lance, autant pour lui que pour donner courage et espoir aux autres. Ce documentaire de très bonne facture le suit dans ce périple physique et humain.

«Quand on est atteint de cette maladie, on ne se rend pas compte qu’on s’enferme pour ne pas avoir à subir le regard des autres. On perd alors petit à petit le contact avec les gens.» La première partie du film raconte les grandes difficultés d’Yves à accomplir les gestes les plus anodins du quotidien, que nous effectuons tous sans même y penser. Les gestes petits et précis, comme scanner ses articles dans un magasin, taper un code, insérer une carte bancaire, lui prennent beaucoup de temps et exigent une grande concentration peu aidée par les clients qui s’impatientent derrière lui. Yves revient sur sa jeunesse, son goût et sa pratique assidue du sport et son parcours de golfeur professionnel; puis sur la découverte de son mal, ses sentiments et ceux de son entourage. Plusieurs de ses proches, attentifs et bienveillants au quotidien avec lui, soulignent que, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, cette maladie neurologique ne touche pas que les personnes âgées et ne se limite pas qu’à des tremblements.

Enfermé dans son corps («mes mains me refusent le droit de vivre», dit-il), Yves s’est lancé dans un exploit: parcourir à pied sur 1'000 kilomètres les Alpes suisses. Départ de Montreux, direction Coire, Davos, et retour à Montreux par le Valais. Ces trois mois d’efforts, accomplis avec difficultés, mais aussi avec sourires et émerveillement, lui serviront à réfléchir et à remporter un combat contre son mal. Quelques proches l’accompagnent par moments, d’autres s’occupent de la logistique et de l’organisation. Yves suscite chez le spectateur un immense respect. Certaines notions qui peuvent passer pour des clichés (leçon de vie, de courage, chaque pas est une victoire, etc.) sont ici au cœur du sujet.

Dans la première partie, le film est une suite de situations quotidiennes et d’interviews. Mais lorsque commence le voyage, le réalisateur parvient efficacement à mettre son grain de sel. La mise en scène devient lyrique (jamais trop toutefois), lorsqu’Yves arpente les crêtes et les magnifiques paysages. Tout en progressant, le marcheur s’interroge sur l’origine de sa maladie, qui dans son cas n’est pas héréditaire. Selon lui, cela viendrait des multiples engrais et pesticides nécessaires à l’entretien des terrains de golf qu’il a côtoyés et respirés durant quinze ans. Question intéressante qui mériterait d’être sérieusement creusée. Il attire également l’attention sur l’impuissance et la rareté de la recherche pour ces maladies précoces, et sur l’augmentation des cas de Parkinson chez les plus jeunes.

La fin du film est saisissante, Yves est méconnaissable. Après son défi, il a subi une opération au cerveau qui a sérieusement atténué ses tremblements et amélioré sa qualité de vie. Il sait toutefois que cela ne durera que quelques années et envisage son avenir avec une résignation mêlée d’un espoir dans la recherche. Espérons que ce film touchera le public et sera largement diffusé également à la télévision où il pourrait avoir plus de spectateurs, plus de résonance, que dans les salles. Dans les domaines de l’écologie et de la recherche médicale, le destin d’Yves Auberson pourrait être un sérieux signal d’alarme et une raison de s’attaquer réellement au problème.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 16