Wendell et Wild

Affiche Wendell et Wild
Réalisé par Henry Selick
Titre original Wendell & Wild
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Bruno Coulais
Genre Animation, Aventure, Fantastique, Comédie
Distributeur Netflix
Acteurs Angela Bassett, Keegan-Michael Key, Jordan Peele, James Hong, Lyric Ross, Sam Zelaya
Age légal 13 ans
Age suggéré 13 ans
N° cinéfeuilles 889

Critique

Henry Selick, un maître du stop motion, revient treize ans après Coraline avec un nouveau film d’animation tout en pâte à modeler. Nous aurions vraiment voulu aimer ce Wendell & Wild, mais confier le scénario à Jordan Peele était manifestement une erreur fatale.

Deux frères démons, Wendell et Wild ont été punis par leur diable de père à devoir éternellement replanter des cheveux sur son crâne dégarni. Mais leur ambition est ailleurs: construire un parc d’attractions parmi les Vivants. Pour ce faire, ils doivent être invoqués par un humain particulièrement réceptif à l’Au-delà. Entre en scène Kat Elliott, jeune fille turbulente bourlinguant de foyer en foyer suite au décès tragique de ses parents dans un accident de voiture dont elle est la seule rescapée. Wendell et Wild profitent de l’arrivée de l’orpheline au pensionnat catholique de Rust Bank pour mettre en branle leur grand projet. Mais bien sûr, rien ne se passe comme prévu.

Henry Selick est un nom que tous les amateurs de films d’animation connaissent: il a réalisé les classiques L’Étrange Noël de Monsieur Jack et James et la pêche géante, Coraline, ainsi que le bien moins reluisant Monkeybone. Il revient en 2022, treize ans après son dernier film, avec une autre prouesse de stop motion. Wendell & Wild en effet a été réalisé entièrement à la main, et à l’ancienne surtout: Selick a tenu à utiliser exactement les mêmes procédés que pour Coraline en 2009, car il trouvait qu’avec la technologie de 2022, le stop motion était devenu trop fluide et donc trop indiscernable de l’animation de synthèse. Il a ainsi délibérément retiré des frames (photogrammes ou dans ce cas, 1/24e de seconde) au montage ainsi que laissé certains artifices visibles (par exemple les zones de jonction entre les diverses parties des personnages en pâte à modeler) pour aboutir à une esthétique plus artisanale et élégamment datée.

Côté visuel donc, absolument rien à redire, il s’agit là d’un des plus beaux films d’animation de récente mémoire. Mais le scénario de Jordan Peele corrompt l’ensemble. Fourre-tout, il part de l’histoire pourtant simple de démons voulant construire une fête foraine à une série de sous-tiroirs sur l’écologie, le système scolaire américain, la ségrégation envers les minorités ethniques, la transidentité (amenée avec la subtilité des bulldozers de la scène finale), et le capitalisme carnassier. Le film ne faisant que 105 minutes, rien n’a le temps d’être développé, et ces sujets à la mode apparaissent comme des revendications brandies sans aucune profondeur critique. On a l’impression de lire un manifeste adolescent et maladroit.

Enfin, le final nail in the coffin (comme on dit en anglais), est que contrairement à un Étrange Noël… par exemple qui profitait de la bande originale de Danny Elfman, Wendell & Wild est un juke-box musical, c’est-à-dire que le film emprunte des chansons à d’autres artistes. L’idée derrière ce choix était de ne prendre que des groupes composés en majorité d’Afro-Américains, mais la disparité des styles parmi les morceaux donne lieu à une hétérogénéité avec l’esthétique des images, qui en brise le charme.


Anthony Bekirov

Appréciations

Nom Notes
Anthony Bekirov 11