Jacky Caillou

Affiche Jacky Caillou
Réalisé par Lucas Delangle
Titre original Jacky Caillou
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Clément Decaudin
Genre Drame, Fantastique
Distributeur CityClub de Pully
Acteurs Jean-Louis Coulloc'h, Lou Lampros, Thomas Parigi, Edwige Blondiau, Romain Laguna, Jean-Marc Ravera
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 889

Critique

En pleine ruralité française, Jacky Caillou, orphelin et petit-fils de Gisèle, suit les traces de sa grand-mère magnétiseuse et entité ésotérique du village. Le son sera le traceur de la première à la dernière image de cette formidable fable rurale, baignée de poésie et d’authenticité, une quête de l’inexplorable par la musicalité.

Dès le premier plan, on découvre Jacky les écouteurs vissés aux oreilles, un amplificateur sonore dans les mains, guettant les bruits ambiants et les prières de sa grand-mère en plein traitement. Puis, on le retrouve musicien, en pleines expérimentations sonores avec un thérémine, sa voix chancelant comme la douceur musicale de Flavien Berger. Ailleurs: le brouhaha d’une fête rend difficilement audible le premier réel échange avec Elsa (une jeune femme demandant son aide pour une tache grisâtre sur la peau), le susurrement des feuilles, faible et étouffé, celui des peupliers décrit comme «une autre forme de langage». Le son est au départ source d’émancipation (par la création), puis d’appât (par ce cœur battant, synonyme de vitalité), jusqu’à son don salvateur lorsque Jacky chantonne à l’oreille du jeune Loïc en fin de film.

Il y a aussi le magnétisme, et cette idée que l’apposition des mains peut soigner. Delangle l’utilise surtout pour sa naturalité, sa connexion avec l’animal (l’oiseau et le loup) et le végétal (l’écoulement de la sève comme expiateur des maux), qui nous rappelle le superbe film Clara Sola de Nathalie Álvarez Mesén. Puis de ce reboutage découle une fable universelle, celle du lycanthrope, et d’un amour impossible. Mais il fait ressortir surtout l’extrême sensibilité d’un jeune homme en quête de sens, et qui le trouve par l’affranchissement de son passé (il brûle les portraits de ses ancêtres) et l’acceptation d’un nouveau don: non pas celui du toucher, mais celui du son et de la voix, pour s’accomplir dans un acte artistique final: la guérison d’un être cher.

Bien au-delà du néo-film de genre à la française (Teddy, La Nuée, Ogre), Jacky Caillou émeut bien plus par sa poésie primaire que par son versant fantastique finalement anecdotique, élément perturbateur presque dommageable dans cette quête profonde de l’acceptation de soi.

Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 16