Call Jane

Se basant sur des faits réels, Call Jane est un drame américain réalisé par Phyllis Nagy et aborde le réseau d’avortement clandestin créé par des femmes à Chicago dans les années 1960. Joy (Elizabeth Banks) incarne la parfaite femme au foyer qui souhaite un deuxième enfant ; malheureusement pour elle, cette seconde grossesse met en péril sa santé et n’a d’autre choix que d’avorter. Ce sont des hommes qui décideront à sa place que l’enfant doit naître aux dépens des risques médicaux accrus. Joy se tourne donc vers « The Janes » marquant ainsi le début de son émancipation et de sa nouvelle vie.

Joy, personnage fort menant la caméra, filmée de dos, prend le film en charge dès son ouverture, laissant présager son importance au sein du récit. Les jeux de focale entre les personnages et la dualité entre des atmosphères lugubres et froides et bienveillantes et chaudes dépendamment du genre du personnage sur lequel l’on se focalise sont habilement agencés. La manière dont Call Jane est filmé est mouvementée, tout en restant douce, dépeignant les personnages féminins de manière positive sans jamais les sexualiser. Cette œuvre dénonce subtilement le patriarcat, par les dialogues, affiches et pamphlets en tout genre que l’on retrouve sur la majorité des murs filmés ; les hommes sont souvent tournés au ridicule démontrant l’absurdité de leur emprise sur le genre féminin. La bande originale tend à mettre les personnages féminins dans une position de force, les accompagnant dans les épreuves qu’elles affronteront la tête haute. Enfin, la scène de l’avortement de Joy paraît aussi longue qu’un avortement réel et est difficile à regarder. La réalisatrice souhaitait montrer sans tabou ni romantisation ce que l’on ne filme pas d’habitude, et propose une expérience immersive faite pour choquer – un coup de maître à mon sens. Un des défauts de cette œuvre serait le manque d’inclusivité du casting, même si ce problème est verbalisé au sein même du film. De manière générale, c’est un feel good movie même s’il traite d’un sujet lourd, et les deux heures que dure le film ne se font pas ressentir, malgré un début qui peine à trouver son rythme.