Belle et Sébastien : Nouvelle génération

Belle et Sébastien sont comme Heidi. Ils ne datent pas d'hier, s'adressent en priorité au jeune public, mélangent l'aventure, l'émotion et l'éducatif, et sont adaptables, actualisables ou détournables à volonté. On ne s'en est pas privé au fil du temps, au cinéma ou à la télé, en films, en séries ou en dessins animés.

Rappelons que Belle et Sébastien est à l'origine un roman de Cécile Aubry (1928-2010) qui, ayant tourné très tôt sous la direction de grands cinéastes tels qu'Henri-Georges Clouzot, Christian-Jaque ou Henry Hathaway, renonça rapidement à sa carrière de comédienne afin de se consacrer à la littérature pour la jeunesse et au métier de scénariste. Outre ce premier roman, ses suites et ses déclinaisons (comme Sébastien parmi les hommes), elle fut aussi la créatrice de la longue série des Poly, que beaucoup de grands enfants ont sans doute lue dans la collection Bibliothèque rose. Rappelons encore que dans la série télé des années 60, Sébastien était joué par Mehdi, le fils de Cécile Aubry, qui est toujours régulièrement interviewé sur ce sujet.

Quatrième long métrage inspiré de ces personnages (après ceux de Nicolas Vanier, Christian Duguay et Clovis Cornillac), ce nouveau film prend ses distances temporelles et situe l'action à notre époque. Sébastien, enfant de la banlieue, est obligé à contrecoeur d'aller passer plusieurs semaines en pleine montagne, chez sa grand-mère qu'il ne connaît pas, dans un chalet spartiate où cette dernière garde ses moutons avec l'aide d'une de ses filles. Il fait la connaissance d'une grande chienne blanche et sauvage maltraitée par son maître, un personnage assez détestable dont le père est encore pire. Les deux hommes semblent d'ailleurs avoir de douteux et très lucratifs projets pour l'avenir de la région. Tout en faisant ce qu'il peut pour protéger sa nouvelle amie, le garçon parviendra à mettre à mal les noirs desseins de ces deux hommes.

Les magnifiques images parlant d'elles-mêmes, le film bénéficie de superbes paysages. De plus, l'action est bien menée et la musique pas trop sirupeuse. Les animaux sont très bien dressés, on croirait du Jean-Jacques Annaud. C'est malheureusement le scénario qui penche vers le tire-larmes parfois gratuit et le peu convaincant. La chienne faisant la loi à une meute de loups et partant vivre avec eux à la fin, c'est quand même un peu gros. L'enfant se jetant seul du haut d'une falaise en deltaplane, un peu dur à avaler. De plus, le film révèle trop rapidement des enjeux qui auraient permis de maintenir du suspense, comme le lac de montagne secret ou le double jeu de la grand-mère. On voit donc assez rapidement arriver le dénouement gros comme une maison, puisque le happy end est obligatoire. Peu crédible au début dans le rôle d'une bergère en bottes et en doudoune, Michèle Laroque (que l'on a sans doute trop vue se regarder jouer des rôles de bourgeoise dans des comédies "parisiennes" insipides) finit par bien se couler dans l'histoire. Les autres acteurs, dont la toujours excellente Caroline Anglade, sont bien choisis et convaincants.

Sans doute certaines parties du film raviront-elles les jeunes, mais l'ensemble décevra-t-il les parents. On préférera à ce film les "épisodes" précédents dont surtout celui de Nicolas Vanier et, dans le même genre même si l'histoire n'est pas la même, le très joli Mystère, sorti l'année dernière.