Le Retour des hirondelles

Sélectionné à la Berlinale, Le Retour des hirondelles est une plongée dans la grande pauvreté de la Chine rurale.

Ma, un agriculteur discret et taciturne d’un certain âge, est le dernier homme de sa fratrie à ne pas s’être marié. Sa famille lui fait donc épouser Guiying, une femme souffrant de différents troubles et traumatismes, considérée comme un poids par les membres de la petite communauté rurale. Ces deux protagonistes solitaires se retrouvent réunis, et tentent tant bien que mal de mener une vie commune, au rythme des saisons et du travail dans les champs. Petit à petit, le couple apprend à s’ouvrir et des sentiments amoureux émergent…

Le film de Li Ruijun dresse ainsi un tableau sensible du développement d’une relation. Avec un éclairage particulièrement travaillé, notamment dans les scènes d’intérieur, il crée une ambiance permettant la naissance d’une intimité improbable dans un foyer basé sur un mariage arrangé. Le jeu des deux comédiens, tout en retenue, donne à sentir le rapprochement de Ma et Guying par des gestes du quotidien, en apparence anodins, mais chargés de signification pour ces deux êtres isolés.

En arrière-plan, le cinéaste peint également l’extrême pauvreté des campagnes chinoises. Ses longs plans et ses mouvements d’appareil rendent compte de la dimension lente et répétitive du labeur qu’il est nécessaire d’accomplir dans certaines régions pour gagner assez d’argent pour survivre. En filigrane, c’est également l’incapacité du régime en place de pallier cette situation qui est également dénoncée. La force politique du long métrage lui a par ailleurs valu une interdiction par le gouvernement chinois, alors qu’il avait passé la rampe de la censure dans un premier temps. Le Retour des hirondelles noue ainsi avec intelligence un propos social et la trajectoire singulière de deux personnages apprenant à s'aimer, en sachant prendre le temps nécessaire au développement de son récit.