Réalisé par | Andrew Dominik |
Titre original | Blonde |
Pays de production | U.S.A. |
Année | 2022 |
Durée | |
Musique | Nick Cave, Warren Ellis |
Genre | Drame, Biopic |
Distributeur | Netflix |
Acteurs | Adrien Brody, Tygh Runyan, Bobby Cannavale, Julianne Nicholson, Ana de Armas, Lily Fisher |
N° cinéfeuilles | 887 |
Bien que Blonde soit anecdotique, il a le mérite de schématiser le film « Netflix », celui qui se veut de qualité et d’auteur, alors qu’il n’en est qu’un simulacre. Avant lui, les plus grands s’y sont essayés, en vain (Scorsese, Fincher, Cuarón, pour ne citer qu’eux). Y a-t-il donc de cette forme « télévisuelle » un poison de l’image ? Une construction narrative automatisée, peut-être dictée ? Andrew Dominik n’y déroge pas et offre un écrin sombre et tortueux, parfois beau, mais creux.
Il y a certes Ana de Armas, qui devrait décrocher sa statuette dorée pour son incarnation intense, sa dévotion au personnage de Marilyn, sans retenue, comme Cotillard l’avait fait dans un schéma similaire avec Edith Piaf. Et elle ne le doit qu’à elle-même, tant Andrew Dominik la harcèle et maltraite, la jetant en pâture pendant plus de 2h30 dans un patriarcat immonde et bien réel, mais souvent dans des scènes fictives, additionnées, avec cette nauséabonde impression qu’il immerge sa Marilyn sous l’eau, lui tenant la tête jusqu’à son asphyxie finale. Elle qui pourtant s’en est échappée en début de film (la tentative de noyade par sa mère).
La direction de son actrice est ratée donc, puis l’esthétique vient l’achever. Les passages du noir et blanc à la couleur sont aléatoirement imposés, sans qu’aucune raison scénaristique ne le justifie (on pense immédiatement à Serebrennikov qui maîtrise cet art au parfait), ou encore les changements de formats, qui tentent maladroitement de donner une consistance à son image belle mais vide. Tout l’inverse de ce qu’était Marilyn, et malheureusement tout ce qu’entretient Dominik. Il y a certes quelques moments de grâce, notamment par la sublime bande-son de Nick Cave (ce billet de dollar flottant au volant), mais a contrario, on retombe souvent dans de l’image factice au trait de publicité pour shampoing (Marilyn et Arthur Miller sur la plage). Parler de Lynch serait injure, mais on ne peut cependant pas y couper tant le revers horrifique hollywoodien pèse sur le film. Mais la comparaison s’arrête là.
Le procès antiavortement du film est je crois une erreur. L’on retrouve bien plus de maladresse, et dans sa maladresse, de la bêtise plus qu’un déterminisme crasseux. Il est vrai que faire parler un fœtus en suppliant sa mère de ne pas le tuer semble d’une aberrance scandaleuse, mais je ne pourrais porter procès à Dominik sur cette question. En revanche, bien plus sur la qualité cinématographique de sa Blonde, tristement absente. Encore donc une œuvre Netlfix, illusoire et éphémère, aussitôt terminée, aussitôt scrollée. Next ?
Nom | Notes |
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10 |